Comment rassembler les forces vives du Mali pour poursuivre cette période transitoire, qui tend vers une nouvelle rallonge, avec diverses appréhensions?
Même si les partenaires du pays reconnaissent que des progrès sont enregistrés dans la marche de la transition malienne, l’éventualité d’un nouveau glissement du calendrier électoral se précise. Ce, d’autant que dans le chronogramme convenu avec les partenaires et les instances internationales, l’élection présidentielle devrait se tenir dans exactement 12 mois, soit en février 2024. Mais, avant cela, les autorités de la transition tiennent à doter le pays d’une nouvelle Constitution, dont le référendum est fixé au mois de mars prochain.
Or, les textes prévoient que le référendum doit se tenir six mois après la mise en place de la structure organisatrice des élections, l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). Ce qui n’est pas encore le cas ! L’AIGE n’ayant pas encore mis sur pied un seul de ses démembrements régionaux, avant de penser aux antennes locales et de l’extérieur. Ce qui fait parler d’un retard de plusieurs mois.
Ce grand retard suscite bien d’appréhension chez certains acteurs sociopolitiques, dont les extrémistes n’hésitent pas à parler même d’une « volonté de confiscation du pouvoir » par les autorités actuelles. Des suspicions qui fragilisent la cohésion et la convergence des acteurs politiques autour des actions de la Transition. Cette situation impose aux dirigeants de la Transition l’impérieuse nécessité d’ouvrir ou de renforcer un dialogue et des concertations francs et sincères pour rétablir la confiance, afin de consolider la marche du pays. Dès lors, la question se pose de savoir si le chef de l’Etat va tendre la main vers la classe politique pour discuter des bases d’une nouvelle rallonge. Comment le Colonel Assimi Goïta va-t-il faire pour convaincre ses interlocuteurs des partis et regroupements politiques sur ses réelles intentions de hâter la marche vers le retour à l’ordre constitutionnel. Assimi Goïta ne doit-il pas aussi rassurer dans ce sens sur sa non-candidature, avant de convenir ensemble d’une ultime prolongation de la transition ? Cette clarification ne devrait-elle pas entraîner une révision claire et limpide de la charte de la transition, sans aucun faux-fuyant ? Rien n’est moins sûr.
C’est à ce prix que les acteurs sociopolitiques du pays peuvent parvenir à un accord politique décisif, posant les bases de la dernière étape de cette période transitoire. Ce sera un véritable modus vivendi national de parachèvement de la Transition dans un contexte moins tendu et offrant des conditions idoines pour la tenue d’élections apaisées.
Pour de nombreux observateurs, ce « réajustement structurel » de la transition est une nécessité et doit passer par la mise en place d’un nouveau gouvernement plus représentatif des forces politiques et des acteurs de la société civile. Tout cela peut comporter des mesures fortes de décrispations, dont les cas de poursuites ou menaces de poursuites à l’encontre de certains hauts responsables de l’ancien régime. Et le climat d’apaisement, qui serait ainsi créé pourra rassurer davantage les partenaires du Mali à mieux accompagner cette dernière ligne droite de la transition. Une période propice pour désamorcer les tensions et adversités extérieures vis-à-vis du pouvoir du Colonel Assimi Goïta.