À l’occasion de la célébration du 8 Mars, la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille explique le choix du thème national : «Femmes, actrices incontournables, debout pour la paix, la sécurité, la cohésion sociale et la réconciliation au Mali» et présente les activités prévues dans le cadre de la Journée internationale. Elle invite aussi les femmes à jouer pleinement leur rôle dans l’édification du Mali Kura

L’Essor : Qu’est-ce qui a motivé le choix de ce thème pour la célébration de la présente édition de la Journée internationale dédiée à la femme?

Mme la ministre : Permettez-moi de vous remercier pour l’opportunité que vous me donnez pour m’adresser à l’opinion nationale et internationale à l’occasion de la célébration de cette journée importante. Notre pays a actuellement besoin de citoyen qui est en paix avec son environnement.

La femme malienne, depuis la nuit des temps, a le secret pour cultiver la paix, la sécurité, la cohésion sociale et la réconciliation au sein de la société (en famille, dans le quartier, au village, dans les fractions, au sein des différents groupes). Elles sont des conseillères par excellence. C’est ce qui a motivé le département à choisir ce thème pour la commémoration de la présente édition de la Journée internationale de la Femme.

L’Essor : La paix, la sécurité, la cohésion sociale et la réconciliation sont à la mode actuellement. Quelles sont les actions phares initiées par les Maliennes pour une paix durable dans notre pays ?

Mme la ministre : Ce n’est pas un luxe de parler de paix dans notre pays actuellement, car c’est une préoccupation quotidienne. Le pays a besoin de cette paix pour ses filles et ses fils qui souffrent des conséquences de la crise depuis plus d’une décennie. Les femmes maliennes ont beaucoup souffert des séquelles de la crise : certaines ont perdu leurs maris, leurs fils, leurs frères et d’autres ont été victimes de viols, de mariages forcés et autres atrocités. Des familles ont été séparées, des femmes et filles ont été violées devant leurs maris et parents.

La violence physique a été amplifiée à travers les mutilations et les châtiments corporels. Cette barbarie a eu comme conséquence, les déplacements massifs et forcés des populations dont les femmes et les enfants constituent la grande majorité. Par ailleurs, il faut souligner que les femmes ont été des actrices en faveur du retour de la paix et de la réconciliation à travers plusieurs initiatives. Leur participation dans la recherche de la paix, faut-il le rappeler, est un droit reconnu à travers la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée en 2000.

Dans la même dynamique, d’autres Résolutions ont suivi pour garantir sa mise en œuvre dont la Résolution 1820, 1889, 1960… À travers la Résolution 1325, le Conseil de sécurité rappelle l’importance de la participation des femmes au même pied d’égalité que les hommes dans la prévention, le règlement des conflits et la consolidation de la paix.

Malgré l’existence de ces résolutions, la participation des femmes maliennes dans le processus de négociation formelle pour la paix a été très faible, toutefois leurs places restent indéniables pour la restauration de la paix, la cohésion sociale et la réconciliation. La consolidation de la paix, la réinsertion socioéconomique passent inéluctablement par la prise en compte du rôle particulier dans les stratégies de consolidation de paix au niveau local, régional et national, car en tant qu’épouses, mères, sœurs, elles ont une aptitude particulière à conseiller, à convaincre et à promouvoir la paix.

L’Essor : Qu’est-ce que votre département fait pour rassembler les Maliennes dans la quête de la paix et la réconciliation nationale ?

Mme la ministre : On sait qu’au Mali, un département est dédié aux questions de paix et de réconciliation. Cependant, dans le cadre de la complémentarité et de la solidarité gouvernementale, chaque ministère joue sa partition. C’est dans cette veine que le nôtre a choisi ce thème assez évocateur pour le 8 mars 2023. En plus des sessions d’informations, de formations, de plaidoyers sur la prévention, la gestion des conflits et le processus de paix, mon département abrite l’Unité de gestion de la Résolution 1325 des Nations unies dont les actions ont fortement contribué à l’implication des femmes et des jeunes dans les organes et instances de la paix à tous les niveaux (central, régional, local).

En appui au département en charge de l’Action humanitaire, notre ministère accueille et assiste les personnes déplacées dans les Maisons de la femme, de l’enfant et de la famille et les Directions régionales de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille des localités ci-après : Mopti, Ségou, Sikasso, district de Bamako.

Ces déplacées bénéficient des Actions comme la distribution de kits de dignité aux femmes déplacées (seaux, couvertures, savons, pâte dentifrice, brosse à dent, 6 pagnes, pommade, matériels de toilette…). Il faut aussi noter l’organisation des activités d’information, de débats intergénérationnels, de sensibilisation et de formation des femmes dans les zones très affectées par le conflit. Mon département a aussi initié une campagne nationale de communication et de mobilisation pour l’appropriation de l’accord, basée sur la réelle participation de toutes les femmes du Mali. S’y ajoute, l’organisation d’une rencontre des femmes du Mali appelée : «Appel des femmes du Mali». Cette rencontre a été une opportunité rare à saisir par les femmes maliennes, pour forger une vision commune pour la paix durable. «L’appel des femmes du Mali» a été une réussite qui a permis aux femmes de s’écouter, de se découvrir et de découvrir les femmes des autres régions par le dialogue et les échanges dans le cadre de l’instauration d’une paix durable et de la cohésion sociale au Mali.

L’Essor : Pouvez-vous nous parler des projets et programmes mis en œuvre par votre département pour une large implication des femmes pour la promotion de la paix, la sécurité, la cohésion sociale et la réconciliation ?

Mme la ministre : On peut citer, entre autres, le Fonds d’appui à l’autonomisation de la femme et à l’épanouissement de l’enfant (Fafe), le Projet d’autonomisation de la femme dans la filière Karité dans les zones concernées,  les projets d’Activités génératrices de revenus (AGR) dans les maisons de la femme et de l’enfant, le sous-projet autonomisation et apprentissage économique à travers le Projet Swedd,  le programme de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), la mise en place des One Stop Center, le projet de développement économique et social des femmes à travers les énergies renouvelables au Sahel (Desfers).

L’Essor : Selon vous, qu’est-ce qui est fait ou sera fait afin que les femmes soient des actrices incontournables pour la paix, la cohésion sociale et la réconciliation au Mali ?

Mme la ministre : La souscription du Mali aux conventions internationales et sous régionales telles que la Résolution 1325. Le Mali est à sa troisième génération de plan d’actions national de la R1325 et connexes. La capitalisation et la pérennisation des acquis de la mise en œuvre de ces différents plans d’actions contribueront à l’implication effective des femmes au processus de paix, la cohésion sociale et la réconciliation au Mali.

L’Essor : Quelles seront les grandes innovations cette année pour la célébration de la Journée de la femme d’autant plus que le thème de la paix a été plusieurs fois choisi pour la cause ?

Mme la ministre : Cette année, le ministère en collaboration avec d’autres départements sectoriels tels que le Commerce, l’Industrie et les Finances, ont anticipé la confection du pagne 8 mars 2023 au niveau d’une unité de production locale. Cette initiative a le mérite de faire la promotion du consommé local à travers le «made Mali» et aussi mettre à disposition un pagne officiel, un modèle unique sur le marché permettant à toutes les femmes de porter la même tenue.

Pour réaffirmer leur soutien indéfectible à la Transition, les femmes du Mali sous le leadership de mon département, ont décidé d’organiser un défilé populaire au stade Modibo Keïta, placé sous la présidence effective du président de la Transition, chef de l’État, le colonel Assimi Goïta. Les mêmes manifestations auront lieu dans les régions, cercles, communes et villages, placées sous l’autorité des gouverneurs, préfets et sous-préfets.

Durant tout le mois de mars, des activités de plaidoyers, de renforcement de capacité, d’autonomisation de la femme et des activités de lutte contre les violences basées sur le genre seront organisées partout sur le territoire national avec l’implication de la société civile, des partenaires techniques et financiers.

L’Essor : Peut-on parler de paix, de cohésion et de réconciliation sans la prise en charge des victimes de la crise ? Qu’est-ce qui a été fait et sera fait par votre département pour la prise en charge des femmes et des enfants victimes de cette crise ?

Mme la ministre : Le département a mis en place un programme pour l’abandon des violences basées sur le genre. À travers ce programme, des One Stop Center ont été mis en place pour la prise en charge holistique des cas de VBG (psychologique, juridique et médicale). Dans chacune de nos structures (direction nationale de la Promotion de la Femme, la direction régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant, les maisons de la Femme, de l’Enfant et de la Famille), des prises en charge sont faites à travers des activités d’écoute et d’orientation des victimes vers les cliniques juridiques (APDF, Wildaf, AJM, Demeso…)

L’Essor : Quelles sont les actions menées par votre ministère permettant aux femmes et enfants réfugiés d’être à l’abri des besoins d’ici leur retour au bercail ?

Mme la ministre : Parmi les actions menées, on peut noter entre autres, l’accueil et l’assistance des personnes déplacées dans les maisons de la femme, de l’enfant et de la famille et les Directions régionales de la promotion de la femme, de l’enfant et de la Famille (Mopti, Ségou, Sikasso, district de Bamako…) ;

Ce n’est pas tout. Nous procédons également à la distribution de kits de dignité aux femmes déplacées (seaux, couvertures, savons, pâte dentifrice, brosse à dent, 6 pagnes, pommade, matériels de toilette…).  Elles sont aussi soutenues et accompagnées à travers la distribution de vivres et de non-vivres dans les différents sites d’hébergement des déplacées.

L’Essor : Actualité oblige, l’année 2023 est une année électorale. Qu’est-ce qui est prévu par votre département pour mobiliser les femmes ?

Mme la ministre : De concert avec le ministère en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, il est prévu la tenue d’un séminaire de réflexion sur les dynamiques d’intégration de la dimension genre dans le processus de réformes politico-administratives et institutionnelles au Mali.

L’objectif visé est de créer les conditions de prise en compte du genre dans toutes les réformes et assurer la tenue des élections générales, locales, et des consultations référendaires inclusives, intégrant les aspects genre à tous les niveaux. Par ailleurs, d’autres grandes campagnes d’information, de sensibilisation et de formation des femmes candidates potentielles pour une participation accrue en tant qu’électrices et candidates est en cours d’élaboration.

L’Essor : Avez-vous un message ?

Mme la ministre : Je ne saurais terminer, sans remercier l’ensemble des acteurs et partenaires impliqués dans la protection et la promotion des droits des femmes. Permettez-moi de rendre un hommage mérité à mes prédécesseurs et femmes leaders du Mali pour leur combat héroïque et leur contribution dans la promotion et l’autonomisation de la femme. J’invite les femmes du Mali à plus de solidarité, de cohésion sociale, de paix et à se mobiliser pour jouer un rôle de premier plan dans le processus de réformes politiques et institutionnelles. Ensemble, fédérons nos énergies et nos intelligences pour devenir des actrices incontournables dans le processus de refondation de l’État.

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