La commémoration du 26 mars 1991, marquant la fin de la dictature du Général Moussa Traoré  est une occasion d’évaluer  les acquis démocratiques à l’aune de la Transition en cours.

La Transition en cours s’est régulièrement inscrite dans un désaveu des acquis démocratiques de mars 1991, au point que l’on se demande si les insuffisances du régime démocratique justifient cette tentative de remise en cause. Et c’est ce contexte dit de transition de rectification incite à jeter un regard dans le rétroviseur du parcours démocratique du Mali.

En effet, par la révolution populaire ayant mis fin à la dictature du Général Moussa Traoré, le Mali avait décidé de s’engager dans un régime démocratique. Celui-ci était marqué par le pluralisme politique et la promotion des libertés démocratiques.

C’est ainsi que le pays avait opté définitivement pour le multipartisme intégral.  Ce qui a permis la création  de nombreux partis politiques, dont certains sont issus de divisions et de transhumances sur la base non de convictions politiques, mais d’intérêts mesquins. C’est au point que le Mali compte aujourd’hui plus de 200 partis politiques, parmi lesquels la majorité n’a pas de structures véritables pour aller à la compétition électorale.

En outre, l’intérêt suscité par le financement public a été un déclic pour la création de partis politiques lilliputiens juste pour être candidat à ces fonds de l’Etat. Combien de ces formations politiques se créent comme des GIE avec des discours de ralliement et de griots pour plaire au prince du jour ? Combien de ces partis sont dans la complaisance, sans aucune formation à l’endroit des militants ? Mais cette situation doit-elle entraîner une campagne tendant à dissoudre ces partis politiques acteurs majeurs de la démocratique ? Le Mali doit-il tout de même aller vers des réformes d’envergure  limitant le principe du multipartisme ? Certainement, car les partis doivent participer au renforcement de la culture démocratique et de la citoyenneté. Ce qui est loin d’être une réalité..

Par ailleurs, au plan des libertés publiques, la Transition en cours semble réduire certains espaces. C’est le cas des libertés d’expression, quand on sait que certaines prises de parole font l’objet de poursuites judiciaires avec une certaine facilité. Quid des prises de paroles dans lesquelles la mort de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a été qualifiée d’assassinat, lors d’une activité politique? Que dire des dénonciations de la vie chère et des critiques formulées contre la gouvernance de transition ?

A ces questionnements s’ajoutent les réticences des pouvoirs publics à travailler en tenant en compte l’existence des partis politiques et leur financement public bloqué depuis trois ans. Or, il n’y a pas de démocratie sans une promotion de la classe politique. Quid de l’inclusivité dans la gestion des affaires publique ? C’est toutes ces préoccupations qui poussent à croire que la démocratie malienne est dans une situation de délicatesse à laquelle le pouvoir militaire du Col Assimi Goïta n’est pas… étranger.

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