Grégoire Cyrille Dongobada, observateur militaire et chercheur en études politiques, basé en Afrique centrale, explique la situation actuelle au Mali dans le sillage de la dégradation constante de la situation sécuritaire dans la région.

La plus grande préoccupation est sans aucun doute le fait que le rythme de détérioration de la situation sécuritaire au Mali, et dans la région du Sahel dans son ensemble, s’accélère : selon un rapport du Centre africain d’études stratégiques, 2020 a été l’année la plus meurtrière en raison des violences islamistes au Sahel, où environ 4 250 personnes ont été tuées, soit 60 % de plus qu’en 2019.

Pour l’instant, la situation au Mali reste instable, car la fragile transition politique dans le pays, qui a commencé après le coup d’État d’août 2020, a été interrompue par le deuxième coup d’État du 24 mai.

« Le vice-président de la période de transition, le colonel Assimi Goïta, chef du coup d’État d’août 2020, a annoncé son arrivée au pouvoir. Dans un communiqué, Goïta a accusé le gouvernement précédent que leurs actions ont conduit à des grèves et des manifestations à l’échelle nationale.« 

Néanmoins, le colonel Goïta a confirmé son intention de tenir les élections conformément au calendrier.

L’arrivée au pouvoir des militaires a suscité un grand enthousiasme au sein de la population, qui a vu dans Goïta et son peuple une force capable de mettre un terme à l’intensification des activités des groupes armés dans certaines parties du pays, ainsi qu’aux massacres répétés dans d’autres régions.

Cependant, la situation sécuritaire continue de se détériorer: il est devenu évident que le gouvernement du Mali n’est pas en mesure d’y faire face sans un soutien extérieur.

Les experts dans le domaine de la paix et de la sécurité en Afrique de l’Ouest constatent que l’approche occidentale des opérations antiterroristes n’est pas très efficace. L’exemple le plus frappant de ces derniers temps, bien sûr, est l’arrivée des talibans au pouvoir en Afghanistan et le retrait du contingent américain du pays où ils sont déployés depuis 20 ans.

« De nombreux chercheurs soulignent la similitude de cette situation avec la situation au Mali: au printemps 2021, le président français Emmanuel Macron a annoncé l’achèvement de la mission Barkhan.« 

L’armée française est initialement intervenue au Mali début 2013 dans le cadre de l’opération Serval, qui a réussi à libérer la moitié nord du pays des groupes islamistes.

L’opération Barkhane a été conçue pour capitaliser sur ce succès et étendre les opérations de l’armée française sur le vaste territoire de la région du Sahel. En avril 2013, la mission de maintien de la paix de l’ONU, la MINUSMA, s’est jointe au combat au Mali. Le mandat de la MINUSMA a été prolongé en juin 2021 et il y a actuellement plus de 18 000 casques bleus de l’ONU au Mali.

Ces forces ne suffisent pas à assurer la sécurité de la population civile, qui est constamment attaquée par des terroristes. C’est pourquoi le gouvernement de la Goïta, à la recherche de nouveaux partenaires ayant une expérience réussie dans les activités antiterroristes, s’est tourné vers la Fédération de Russie pour obtenir de l’aide.

« Sa décision a été inspirée et soutenue par la population du Mali, qui lors de rassemblements spontanés a appelé à plusieurs reprises la Russie à l’aider dans la lutte contre les terroristes. Après de longues et difficiles négociations, les pays sont parvenus à un accord et le Mali attend déjà l’arrivée de spécialistes russes. »

Selon des sources encore non vérifiées, certains spécialistes russes sont arrivés au Mali, et ont déjà subi des pertes.

Cette décision, en plus de la solution potentielle au problème de sécurité, a également bien reflété sur la cote du colonel Goïta, car il existe une opinion parmi les Maliens que les Russes ne laissent pas en difficulté les innocents souffrants et mettent toujours l’efficacité de la tâche en cause en premier lieu.

« La présence russe au Mali va devenir un sérieux facteur de stabilisation: on a déjà vu ce scénario en République centrafricaine, où les forces gouvernementales soutenues par les Russes ont réussi à éviter une crise humanitaire de grande ampleur et ont réussi à briser le cercle vicieux à long terme de violences.« 

Il est important de noter que la présence russe n’entre en aucun cas en confrontation avec les forces occidentales – principalement les forces de l’ONU – dans la région, car la tâche première de tous ces contingents est de stabiliser la situation sécuritaire et de maintenir une paix durable dans le pays.

À la lumière du succès des radicaux islamiques en Afghanistan, il y a une augmentation des activités terroristes dans le monde. La fin de l’opération Barkhan est également un facteur important de déstabilisation de la région. Selon l’un des leaders des djihadistes au Mali, “la fin de l’opération Barkhane était un grand espoir pour la poursuite de la lutte”.

La seule bonne décision pour les autorités maliennes serait de s’attaquer au plus vite à la situation, car elle déborde déjà les frontières, menaçant la stabilité de tout le continent.

Source: Maliactu.net

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