Le gouvernement burkinabè affirme que l’ancien président est venu pour discuter ce vendredi avec la junte militaire dans le cadre des efforts de réconciliation nationale.

L’ancien président Blaise Compaoré a rencontré les dirigeants actuels du Burkina. A en croire  Lionel Bilgo, le porte-parole du gouvernement, la rencontre concernait aussi tous les anciens dirigeants du pays.

Il s’agit de Rock Marc Christian Kaboré, le dernier à être renversé par la junte au pouvoir, Jean Baptiste Ouédraogo qui avait été renversé par Thomas Sankara en 1983, Yacouba Isaac Zida qui a pris le pouvoir après le renversement de Blaise Compaoré en 2014, et Michel Kafando, le président (civil) de la transition arrivé au pouvoir en 2014 après le départ de Isaac Zida. Ce dernier avait été contraint à la démission par la CEDEAO pour laisser place à un dirigeant civil.

Participation mitigée

Mais Seuls deux anciens dirigeants ont pris part à la rencontre: Blaise Compaoré venu de Côte d’Ivoire, et Jean Baptiste Ouédraogo.

Roch Marc Christian Kaboré, pourtant à Ouagadougou, n’a pas pu se rendre à la rencontre «  empêché par un groupe d’individus » selon le colonel Damiba, qui a invité son prédécesseur à « ne pas se mettre en marge de la démarche en cours ».

Selon notre correspondant à Ouagadougou, Simon Gongo, le domicile de l’ancien dirigeant a été pris d’assaut par ses militants, opposé à sa participation à la rencontre.

S’adressant à eux, le colonel Damiba a tenté d’être rassurant en leur promettant que « le processus n’est pas fait pour consacrer l’impunité » et les a invité à « mettre l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de toute considération politique ».

Michel Kafando, qui a dirigé la transition ayant abouti à l’élection de Rock Kaboré, était également absent pour des « raisons de santé ». Toutefois, il a « fait parvenir une message de soutien » au processus, précise le président de la transition.

Quant à Yakouba Isaac Zida, qui vit actuellement au Canada, Il ne s’est pas non plus présenté. Ouagadougou évoque des « raisons administratives » sans donner plus de précisions.

Que se sont-ils dit ?

Dans une déclaration rendue public par l’hôte, le Colonel Damiba, les participants à la rencontre ont discuté « des moyens à mettre en œuvre pour une cohésion sociale, au regard de la situation que traverse notre cher et beau pays ». Il les a invité aussi à « se mettre au-dessus de la mêlée pour mieux incarner les idéaux de la nation ».

M. Damiba a promis de poursuivre les discussions avec ses prédécesseurs qui étaient absents lors de la rencontre.

Retour controversé

Si les autorités accordent une grande importance à cette rencontre, l’arrivée de Blaise Compaoré en territoire Burkinabè est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique et la société civile.

En effet, le 6 avril dernier, Blaise Compaoré 71 ans, avait été condamné par le tribunal militaire de Ouagadougou à la prison à vie pour attentat à la sûreté de l’Etat et complicité dans l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987. Blaise Compaoré a toujours nié son implication dans l’assassinat de son frère d’armes.

Principal accusé dans l’affaire, il ne s’est pas présenté devant la justice militaire, qualifiant la procédure de  »procès politique organisé à son encontre devant le tribunal militaire de Ouagadougou, c’est-à-dire devant une juridiction d’exception » avaient laissé entendre ses avocats en octobre 2021.

En outre, depuis son installation en Côte d’Ivoire en 2016, Blaise Compaoré est visé par un mandat d’arrêt international. Il a obtenu la nationalité ivoirienne quelques mois après son arrivée, et aucun officiel Ivoirien ne s’est prononcé sur sa présence dans le pays.

Mercredi, la présidence avait indiqué dans un communiqué que la rencontre de vendredi, « importante pour la vie de la Nation, n’entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains » anciens chefs d’Etat.

L’arrestation de Blaisé Compaoré exigée

Les avocats représentant la famille de M. Sankara demandent son arrestation.

Sur les antennes de la BBC jeudi matin, Maitre Prosper Farama, du collectif des avocats de Thomas Sankara, a demandé aux autorités judiciaires de prendre toutes leurs responsabilités, car “nul n’est au-dessus de la loi”.

Blaise Compaoré avait été renversé fin octobre 2014 par une révolte populaire, alors qu’il tentait de modifier la constitution pour briguer un cinquième mandat.

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