Cherif Madani Haidara

Il l’a annoncé lui-même, dans l’allure franche qu’on lui connaît, à l’endroit de la communauté nationale : sous la houlette du haut conseil islamique qu’il dirige, tous les acteurs nationaux ; classe politique, acteurs de la société civile, représentants de couches socio-professionnelles, seront conviés à un dialogue total pour décider du sort de notre pays, empêtré dans des difficultés de toutes sortes. Cherif Ousmane Madani Haïdara, président du HCIM, appelle ainsi les Maliens au chevet de leur pays qui va mal, et même très mal.

Est-ce les prémices d’une rencontre de trop ? Ou le déclic d’une union sacrée pour relever le pays de la tourmente existentielle qui le guette ?

Ça se discute sur tous les coins et recoins du pays : le Mali va mal et même très mal. La vie chère, les prix des denrées alimentaires qui prennent de l’envol, l’insécurité qui menace les zones jusqu’ici épargnées par le terroriste violent et meurtrier, la gouvernance boiteuse et chaotique qui menace la crédibilité de l’Etat, l’isolement diplomatique, le front social en ébullition…Voilà le triste décor d’un quotidien à la fois coriace et inquiétant qui s’offre aux Maliens.

Si certaines chapelles louangeuses continuent encore à vanter les mérites hypothétiques d’un système de gestion,  il est évident que le mal-vivre de la grande majorité des Maliens a fini à prendre le dessus sur tout, y compris jusqu’à pousser bon nombre de nos compatriotes, jadis partisans fieffés des militaires au pouvoir, à s’interroger sur le sort réservé au pays.

Ça ne pouvait pas durer assez longtemps, le manque de perspectives crédibles pour remettre le pays sur les rails. Eh bien ! Les choses ont changé ; tout le monde s’en aperçoit : les discours endiablés d’un Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre, ou du colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre intérimaire, ne font plus recettes, tant la réalité criarde du pays s’est imposée à tout le reste, rendant les Maliens de plus en plus sceptiques face à l’avenir d’un pays qui ne s’en sort pas, si vite, des maux qui le menacent, à longueur de journées, et qui s’aggravent davantage en l’absence d’une union sacrée des Maliens.

C’est en cela que veut remédier le guide religieux Chérif Ousmane Madani Haïdara, autorité morale du groupement des leaders religieux,  président du haut conseil islamique du Mali, en appelant les Maliens ; toutes sensibilités confondues, à se retrouver au chevet de leur pays, en proie à de grosses difficultés existentielles, pour lui trouver, au plus vite, une thérapie de choc.

A l’en croire, pas d’apriori, face à l’urgence des choses, comme c’est le cas pour notre pays, assailli de tous les côtés, le bon réflexe du bon religieux, comme le bon musulman,  est de se réfugier dans la prière et de faire beaucoup de bénédictions pour le salut public.

Comme le Mali est « dans une situation intenable », presque à genou, d’autant que «  tout le monde crie à la cherté de la vie, à l’insécurité » qui gangrène le pays, « nous n’allons pas croiser les bras », prévient le président du HCIM, Cherif Ousmane Madani Haïdara, qui annonce ainsi les couleurs. Sous l’égide de l’organisation islamique qu’il dirige, le guide religieux, très respecté, déclare publiquement les partis politiques, les organisations de la société civile ainsi que les représentants d’organisations socio-professionnelles du pays se rencontreront pour envisager une solution pour la sortie de crise du Mali

Mais ce n’est pas tout : le chef religieux, connu pour son franc-parler, aura une adresse pour les autorités de la transition. Celles-ci sont averties de s’ouvrir désormais aux autres et d’être réceptives aux voix discordantes. Il a exhorté les autorités de la transition à l’ouverture, au sens de l’écoute et au dialogue « pour qu’ensemble le Mali puisse respirer ».  Il le pense ainsi d’autant qu’il sait que dans un pays, chaque acteur national joue sa partition pour le progrès commun et que nul n’a le monopole du patriotisme.

C’est d’ailleurs pour cela, dit-il, que les autorités nationales seront en définitive saisie des recommandations et résolutions qui sortiront de l’ultime dialogue qui va réunir les Maliens autour de l’avenir de ce pays.

Pour le moment, le guide religieux ne dit pas sous quelle forme, ni par quelle stratégie ou méthodologie, le prochain dialogue va-t-il prendre pour qu’elle puisse engendrer les résultats, tant espérés. Mais, il est clair que cette annonce publique, provenant d’une telle entité respectable, aura une grande répercussion au sein de la communauté nationale.

Assurément, les Maliens, tant de la diaspora qu’à l’intérieur, des partisans déterminés au dialogue, seront au rendez-vous du pour donner le meilleur d’eux-mêmes quant à l’avenir immédiat de leur pays.
Reste à savoir comment les militaires au pouvoir, dont on sait qu’ils se méfient étrangement des religieux, toutes sensibilités réunies, réagiront face à cet appel au dialogue du président du Haut conseil islamique du Mali.

En état de cause, pour que ce nouveau dialogue inclusif entre Maliens ne soit pas une rencontre de plus, il faut qu’il soit le signe annonciateur d’une véritable union sacrée des cœurs et des esprits pour mettre le pays sur les rails. Et pour cela, il est impératif que les militaires de la transition jouent franc-jeu avec l’ensemble des couches socio-politiques pour redéfinir et appliquer à la lettre les voies de solutions envisagées pour le pays.

Et voilà justement l’énigme de ces nouveaux pourparlers inter-maliens…

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