Les vaccins anti-Covid-19 sont désormais disponibles en quantités conséquentes en Afrique ; pourtant seule 5,7% de la population a accompli un schéma vaccinal complet, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au Bénin ou Sénégal, par exemple, la population est réticente à se faire vacciner.
Il y a près d’un mois, le conseil des ministres du Bénin décidait de maintenir les mesures de restriction liées au Covid-19, tant que le taux de vaccination national ne se serait pas amélioré. Selon les chiffres officiels, le pays a enregistré un peu moins de 25 000 cas de contamination au coronavirus confirmés au total, dont 161 décès. En début de semaine dernière, le taux de vaccination n’atteignait pas les 4%.
« J’ai encore des doutes »
Dans les rues de Cotonou, une certaine réticence s’exprime encore, remarque notre envoyée spéciale à Cotonou, Magali Lagrange. Quelques personnes patientent, devant une salle d’un centre de santé, où ils vont se faire vacciner contre le coronavirus. Les patients se voient remettre une fiche d’information… avant de recevoir l’injection. Hervé avoue avoir hésité : « J’ai décidé, après un certain moment, de me faire vacciner pour apporter ma contribution et surtout que j’ai des parents âgés avec moi. Avec tout ce que l’on entendait sur les réseaux sociaux, ça fait qu’on est un peu réticent. »
Une réticence exprimée par d’autres. Sur sa moto, un jeune homme est à l’extérieur du centre de santé où il accompagne sa femme. « J’ai amené ma femme pour se faire vacciner. J’ai encore des doutes sur ça. Donc je réfléchis toujours si je veux… Pour ma femme, c’est parce qu’on lui a exigé dans son service. Elle est venue faire ça juste pour ne pas perdre son emploi. »
À ses côtés, un conducteur de moto taxi sort un carnet de vaccination de sa sacoche. Il s’est vacciné, dit-il, pour suivre les recommandations des autorités. La vaccination contre le Covid est entièrement gratuite au Bénin. Les autorités la recommandent à partir de 18 ans. Elle est obligatoire, notamment, pour les personnels de santé.
Blandine Toundo, agent vaccinateur, charlotte sur la tête, se montre rassurante : « Ceux qui viennent et qui hésitent, on essaye de les amener à accepter le vaccin en leur expliquant que dans le vaccin, il n’y a rien de grave et que nous-même les agents de santé, on l’a fait. Et on est bien portant. »
Même situation au Sénégal
Au Sénégal, la professeure Maïmouna Ndour Mbaye, directrice du Centre Marc Sankalé à Dakar explique que la couverture vaccinale peine aussi à se mettre en place. Pour elle, la mise en place d’un passe sanitaire ne fonctionnerait pas au Sénégal, il faut que la vaccination soit acceptée avant tout :
« Il faut que [la vaccination] soit culturellement acceptée par la société. Si ce n’est pas le cas, on va droit dans le mur. Il faut inclure les guides religieux, les guides coutumiers pour que cette stratégie-là soit acceptée par la société. »
Source: RFI