Attaques contre des civils dans les villages, enlèvements de personnes et vol de bétail, la population d’Ansongo vit sous la menace constante d’individus armés et dans la psychose.

Le 15 juin sur l’axe Ansongo -Gao des individus armés non identifiés ont braqué des véhicules de particulier. Six jours avant, le deuxième adjoint du maire d’Ansongo Almahmoud Souleymane dit Moudou, enlevé le 23 mai 2021 est mort aux mains de ses geôliers. Dans la nuit du 8 au 9 août, Ouatagouna, Karou et Daoud Jef, trois villages du cercle d’Ansongo ont subi des attaques terroristes faisant près de 50 morts, tous des civils. Ces événements suffisent pour résumer la situation dans la zone et montre ce qu’est devenu le quotidien des habitants. « C’est vraiment trop. Les populations d’Ansongo ont toujours donné des alertes aux autorités qui ne les ont presque jamais prises en compte de façon sérieuse et professionnelle », dénonce, un autre ressortissant de la zone. Selon ce dernier, cette zone frontalière avec le Niger manque de présence militaire malienne « même s’ils patrouillent dans la zone, c’est juste pour quelques heures et ça aussi ce n’est qu’après le passage des bandits ».  Face à cette situation des milliers d’habitants de la contrée se déplacent vers Ansongo ville, Gao et Bamako, laissant derrière eux, des champs dont les semis ont déjà poussé. C’est le cas à Ouatanagouna et Bourra, qui à en croire certains ressortissants de la zone. « Si ces deux communes n’arrivent pas à cultiver, le spectre d’une insécurité alimentaire aiguë sera bien réel », craint le superviseur. 

Les villageois restés sur place continuent à subir des exactions, la dernière en date le samedi 21 août dans le village Gassi où le restant des animaux a été enlevé par des hommes armés. « Désemparés et traumatisés, ces villageois vivent à leur risque et péril. Ils tiennent toute la nuit les yeux ouverts pour qu’au moindre bruit, le mécanisme sauve-qui-peut se déclenche en débandade. En cette période de grande soudure associée à la fermeture des foires, du fait de l’insécurité, ils ne comptent que sur des assistances », témoigne un sociologue qui a requis l’anonymat.

Les attaques dans cette localité du nord du pays, ne sont jusqu’aujourd’hui pas revendiquées. Ce qui complique la situation dans« cette zone où sévit des groupes armés dont il n’est pas aisé d’identifier évoluant sous forme de bande criminel puisqu’ils n’ont pas de revendication politique, pas de nom et ils n’ont pas une organisation aussi structuré que les groupes armés connus », expliquait dans le N0 331 du Journal du Mali L’Hebdo, Ibrahim Maïga, analyste sur les questions paix et sécurité au Sahel. Selon lui, l’absence de l’État favorise l’émergence et l’entretien de « ces bandes criminels ». « Il est donc difficile de distinguer dans cette zone des incidents crapuleux, des incidents à visée politique ou idéologique », a t-il examiné.

Face à la situation « qui va de mal en pis » et pour porter assistance aux populations touchées par la crise, les associations de la zone se mobilisent. À l’image de la Communauté des cultures Songhoï en Mouvement (IR GANDA), qui compte créer un cadre d’échange entre les ressortissants du Nord et les autres associations communautaires pour partager des idées contribuant à la recherche de la paix et de la sécurité des populations et de leurs biens. Et aussi mobiliser des fonds pour leur venir en aide. 

Ansongo à 100km de Gao, reste le dernier verrou sécuritaire avant d’atteindre la capitale régionale. Une particularité qui fait craindre le sociologue, qui se demande « sans être pessimiste, combien de temps ce verrou va résister si rien n’est militairement entrepris ? » 

Aly AsmaneAscofaré

#Source: JOURNAL DU MALI

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