Vue du siège de la Banque centrale d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Bamako, Mali. 

Les sanctions économiques et financières adoptées par les dirigeants de la Cédéao sont très lourdes pour le Mali. Le gel des avoirs maliens, la suspension des transactions avec Bamako et la fermeture des frontières provoque effectivement l’inquiétude.

Ces sanctions ne sont pas supportables. La CEDEAO a mis l’économie malienne dans une situation intenable. Le pays n’a plus accès à ses comptes logés à la BCEAO, la Banque centrale régionale. C’est exactement comme si un particulier ne pouvait plus accéder à son compte en banque ou à son portefeuille d’argent électronique. Il ne peut donc dépenser que ce qu’il a en poche. L’État malien ne pourra plus dépenser que ce qu’il a mis en réserve au Trésor public.

« En réalité, cela asphyxie l’économie malienne. Et il y a de fortes chances qu’au bout d’un ou deux mois, nous ne puissions même plus payer les salaires de nos fonctionnaires. En tous cas, il n’y aura plus d’injection monétaire de la part de la BCEAO dans l’économie malienne. Donc nous allons fonctionner essentiellement avec la liquidité en circulation et les dépôts au niveau des banques secondaires », explique Etienne Fakaba Sissoko, professeur d’économie et chercheur au Centre d’analyses politiques, économiques et sociales du Mali.

Une économie qui va devoir vivre financièrement en autarcie. Compliqué quand on sait que 60% du commerce extérieur du Mali se fait avec les pays voisins, et ce commerce est désormais réduit à néant. Alors, certes, il y a des exemptions pour les produits de base, les équipements médicaux, les hydrocarbures et l’énergie. Mais encore faut-il disposer de fonds et devises pour les acheter.

L’incertitude la plus totale règne aujourd’hui à Bamako et les consommateurs le sentent puisque depuis ce lundi matin des files d’attentes se sont formées devant les banques et dans les grands marchés. Les gens font des provisions comme ils le peuvent, et s’attendent à des semaines difficiles sur le plan économique.

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