Avec la guerre en Ukraine, que va bien pouvoir faire Joe Biden? Le président américain peut-il se permettre de se battre sur quatre fronts? Le voici confronté à de multiples crises en Ukraine (face à la Russie), au Moyen-Orient (devant l’Iran), à Taïwan (contre la Chine), et last but not least, et à Washngton lors des élections de mi-mandat qui se présentent mal? Sans compter les nouvelles interrogations sur le jeu des puissances moyennes type Israel qui peuvent aussi être tentés de jouer leurs propres cartes. La nouvelle guerre froide ne sera pas une promenade de sanUne chronique de Xavier Houzel
Pour le moment, les alliés traditionnels de États-Unis se montrent solidaires et ce n’est pas là que pourrait s’ouvrir une faille. Le danger de renversements d’alliances secondaires et celui de velléités d’intervention de troublions – là où on ne le leur demande pas – sont ce qu’il y a d’immédiat.
Israël et la Turquie sur les rangs
Le Mossad s’est précipité à Ankara avec l’intention de profiter de la situation pour bombarder de conserve les positions du Hezbollah et de l’Iran partout en Syrie, pendant que Moscou est occupé ailleurs. Mais il y a tout lieu de penser que les Russes pourraient alors autoriser Bachar al-Assad à utiliser leurs batteries de S-300 et de S-400 pour mettre alors au tapis des aéronefs Israéliens ou Turcs.
Il est difficile pour Israël de continuer à vitupérer contre l’Iran en restant coi sur les opérations d’Ukraine. Il est difficile pour Erdogan de fermer le Bosphore aux bateaux russes en laissant cependant ouvert le gazoduc Turkish Stream.
En Chine, un porte-parole du Bureau des affaires de Taïwan du Conseil des Affaires d’État poste le Tweet suivant : « Il est en même temps extrêmement tentant pour Pékin de faire quelque chose en Mer de Chine. Grâce aux efforts conjoints des compatriotes des deux rives du détroit de Taïwan, la réunification nationale de la Chine doit être et sera certainement réalisée. » Aux États-Unis, le président américain se refuse à parler d’invasion, qu’il qualifie pudiquement d’ « opération spéciale » ; mais Washington ne bouge toujours pas, ne contre-attaque pas, ne promet rien. La Maison Blanche agite des épouvantails, en particulier la perspective de priver de Swift le système bancaire de la Fédération de Russie, ce qui a le don d’horrifier l’establishment économique et financier du vieux monde, lequel y verrait un suicide du Dollar et de l’édifice monétaire hérité de Bretton Woods ! La Russie et la Chine s’échangent déjà « en Yuan et en Roubles »… La Russie et l’Ukraine alimentent un tiers du marché mondial de Blé.
Les Allemands lorgnent sur les hydrocarbures du Golfe Persique pour s’affranchir de Moscou, en reconnaissant, mais beaucoup trop tard, l’erreur de leur chancelière Angela Merkel, laquelle n’a pas écouté Donal Trump en faisant confiance à son ami Vladimir ! Bref, les fournisseurs de gaz sont en ébullition : réunis au Forum de Doha, ils ont bien dit qu’ils feraient de leur mieux ! Le président Iranien , le Dr. Raïssi, appelle à la coopération entre les exportateurs de gaz pour lutter contre l’hégémonie et les sanctions US. Deux sujets priment sur les autres : celui des réfugiés et celui des marchés ! Les voisins « catholiques », en particulier les Polonais, veulent aider. Les marchés, eux, font preuve d’une étonnante stabilité, le cours du Pétrole se maintient au modeste chiffre de 103$ par baril.
Quant aux Iraniens qui tiennent à Vienne le haut du pavé de pourparlers sans fin, ils doivent jubiler : la balle est dans le camp de l’Amérique. Un accord est au bout du stylo. Les Français se démènent comme de beaux diables, mais en vain.
Personne n’ose, en France, en pleine période électorale, critiquer l’attitude du président Macron et commenter son rôle – mais il est clair qu’il joue sa présidence.
C’est comme si les Ukrainiens tenaient le sort de l’Occident au bout de leurs fusils. L’ombre de Tarass Boulba, le héros de Gogol, dont il était dit que la culotte était aussi vaste que la Mer Noire, plane sur une nuit sans étoiles, sombre et mystérieuse, qui s’annonce longue – ce qui ne fait pas rire.