– Qu’il qualifie de « déséquilibré »
Le nouveau ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’a pas exclu la renégociation de l’Accord de 1968 signé entre la France et l’Algérie, qu’il a qualifié de « déséquilibré ».
Lors d’une interview accordée dimanche à LCI, Bruno Retailleau a été interrogé par Darius Rochebin sur une éventuelle renégociation de cet accord. « Je n’ai aucun tabou… aucun tabou … bien entendu », a-t-il répondu.
Interviewé de son bureau, place Beauvau, Retailleau a enchaîné : « L’Accord de décembre 68 est un accord déséquilibré, très avantageux pour l’Algérie, très désavantageux pour la France. On doit avoir le courage de le mettre sur la table ».
« Je ne parle pas d’affrontement, je pense que c’est une question de réciprocité. C’est la même chose d’ailleurs en matière de migration. La migration, il y a une partie d’hospitalité quand on vient légalement, on accueille, mais la contrepartie de cette hospitalité, c’est la réciprocité et ça doit s’appliquer pour tout », a-t-il encore indiqué, ajoutant que les gens qui viennent en France « doivent respecter la loi ». « S’ils ne respectent pas la loi, eh bien, ils doivent partir. Ils doivent respecter un certain nombre de codes culturels et notamment qui ont trait aux principes fondamentaux de la République française. Je parle bien sûr de la liberté de conscience, je parle bien sûr de l’égalité entre les hommes et les femmes, je parle aussi d’une fraternité qui est une fraternité non pas religieuse mais civique », a-t-il expliqué.
La droite française a, à maintes reprises, relancé le débat sur cet accord signé en 1968, six ans après l’indépendance de l’Algérie, et qui donne un statut favorable aux Algériens pour leurs conditions de circulation, de séjour et d’emploi en France, certaines parties appelant même à l’abroger.
A noter que les relations franco-algériennes ne cessent de se détériorer. Malgré les tentatives des présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron de normaliser les relations bilatérales, les deux pays enchaînent les crises diplomatiques. Alger a exigé, à maintes reprises, la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux. Les autorités et les historiens algériens affirment que cette période a été marquée par le meurtre de près de 5 millions de personnes, ainsi que de campagnes de déplacements massifs de la population algérienne et de pillage des richesses, mais également de vols de milliers de documents dont certains remontent à l’époque ottomane.
Fin juillet dernier, le gouvernement algérien avait décidé de retirer son ambassadeur à Paris « avec effet immédiat » en guise de contestation contre la reconnaissance par « la France du plan marocain d’autonomie du Sahara Occidental et la souveraineté marocaine sur ce territoire ».