Aujourd’hui installé à Baguinéda, au Mali, le footballeur gabonais ne regrette pas sa reconversion et dit même gagner plus dans ses champs que sur le terrain.
Des poules, des poules et encore des poules.
Pas sûr qu’Ousmane Konaté, ancien gardien du club portugais de Vila Real, s’imaginait il y a quelques années encore avec autant de gallinacés dans son jardin. Et pourtant.
« Pour moi c’est bon, j’aime ma vie de fermier. Pas de stress. J’aime me lever le matin avec mes poules avec mes chameaux, ça me suffit« , assure l’ancien joueur.
Du football à la ferme
Passé par l’équipe nationale du Gabon en cadets pour ensuite prendre la direction de l’Europe, Ousmane Konaté a claqué la porte à son avenir sportif pour une idée beaucoup plus terre à terre.
« C’est à cause de mon cousin. J’étais à Paris pour renouveler mon passeport. On était assis et il m’a dit qu’une statistique atteste qu’une famille aux Etats-Unis consomme 45 kilos de poulet par an, contre 31 kilos pour les Français, alors qu’au Mali, ce n’est même pas un kilo« , explique-t-il.
Retour aux sources au Mali
C’est de là que part le projet. Alors que son père a acheté des terres à quelques kilomètres de Bamako, Ousmane décide de le rejoindre avec une ferme volonté.
« Je me dis que si on arrive à produire sur place et à multiplier les petites fermes comme la mienne, alors les prix baisseront. Ce qui fera en sorte que les familles pourront manger. C’est là que je me suis décidé, mais même moi je n’étais pas sûr de moi« , confesse-t-il.
Il met alors toutes ses économies dans sa ferme.
Aujourd’hui, c’est un lieu avec des poulaillers géants, des champs de tomates, de piments de Cayenne, ou encore des orangers. Le tout en répondant aux standards de l’agriculture biologique. Et aujourd’hui, son chiffre d’affaires a atteint les 1,4 millions d’euros sur l’année 2020.
Une initiative bienvenue, lorsque l’on sait qu’une crise supplémentaire s’annonce au Mali.
Un engagement profitable et utile
Selon un communiqué publié par 22 organisations humanitaires, près de deux millions de deux millions de personnes seront confrontées à une crise alimentaire d’ici le mois de juin 2022, au début de la période de soudure, là où les greniers s’amenuisent en attendant les prochaines récoltes.
« Il y a une différence entre nous et les Européens. Nous, nous sommes une famille. Alors qu’en Europe, j’avais le numéro de trois ou quatre coéquipiers maximum. Après l’entrainement, c’était chacun chez soi. On peut avoir d’autres amis dans la rue, mais c’est rare chez les coéquipiers », répond Ousmane lorsqu’on lui demande s’il regrette de s’être lancé dans cette aventure.
« C’est vrai qu’on peut rire dans les vestiaires. Mais ici, j’ai trente employés, j’ai quasiment un petit village.«
Un lien social qui avait manqué à l’ex-international qui, hors micro, partage aussi son dégoût du monde des agents et des sponsors. Alors qu’Ousmane Konaté, lui, ce n’est pas sa personne qu’il veut vendre, mais bien ses produits.