Les premiers brouillons concernant le rapport final de la COP26 ont été dévoilés. Les réactions des organisations environnementales sont très mitigées.

Le sommet « de la dernière chance » touche bientôt à sa fin. Et la peur de l’échec n’a jamais été aussi grande sur la question climatique, tant de fois mise de côté ou minimisée ces dernières décennies. La déclaration de clôture de la COP26 – qui devrait être publiée vendredi – sera donc tout particulièrement scrutée, puisqu’elle devrait s’accompagner d’une série de décisions et de résolutions, qui, basées sur l’Accord de Paris, doivent contribuer à limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l’ère industrielle.  

A quoi s’attendre ? Un premier brouillon a été dévoilé, mercredi, par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC). Rédigé par la présidence britannique de la COP26, celui-ci réaffirme notamment « l’objectif mondial, à long terme, de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en deçà de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels ».  

Suppression du charbon, neutralité carbone vers le milieu du siècle…

Pour réussir, la COP reconnaît la nécessité d’une « réduction des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) à zéro net vers le milieu du siècle ». A ce jour, plus de 140 gouvernements ont désormais annoncé des objectifs de neutralité carbone en 2050, couvrant 90 % des émissions mondiales. Mais selon une récente étude de Climate Action Tracker, même avec ces promesses, l’élévation de la température la plus optimiste atteindrait +1,8°C à la fin du siècle, et plus vraisemblablement +2,4°C. Le brouillon va donc plus loin en appelant les pays à réduire de 45% « d’ici 2030 » leurs émissions de CO2 « par rapport au niveau de 2010 ». Le texte insiste tout particulièrement sur la révision des objectifs 2030 pour chaque pays, qui devra être réalisée dans l’année à venir. 

Au chapitre des annonces ambitieuses, comme le remarque The Guardian, figure pour la première fois dans une décision de la COP, la mention de la « suppression progressive du charbon et des subventions aux combustibles fossiles ». 

Une large partie de cette déclaration reconnaît plus largement les dégâts des activités humaines sur le climat, qui « ont causé environ 1,1°C de réchauffement à ce jour ». « Le bilan carbone compatible avec la réalisation de l’objectif de température de l’Accord de Paris s’épuise rapidement », constate, lucide, le texte. 

La mobilisation de 100 milliards de dollars – a minima – par les pays les plus riches à destination des plus pauvres, annoncée dès l’ouverture du sommet, figure bien au programme, avec un objectif pour « 2023 au plus tard ». Le mot « adaptation » est cité à plusieurs reprises, afin de dédier en priorité d’autres financements à la prise en charge des évènements type inondations, incendies, tempêtes, qui se répètent avec toujours plus d’intensité au fil des années. Et dont les conséquences sont souvent dramatiques dans les zones les plus défavorisées. 

Des réactions très mitigées jusqu’ici

« Ce projet de décision de COP est largement insuffisant. Il ne répond pas à l’urgence climatique à laquelle sont confrontées au quotidien des millions de personnes, qui subissent des conditions météorologiques extrêmes sans précédent et s’enfoncent dans la pauvreté », selon Oxfam France. « Il ne reste que deux jours pour négocier un meilleur accord (…) qui s’engage à augmenter le financement pour l’adaptation à 50 % d’ici 2025, (…) un accord qui envoie un signal fort que dès l’année prochaine les objectifs de réduction des émissions seront plus ambitieux afin d’être alignés avec l’objectif de 1,5°C. » 

« Si le texte appelle les pays riches à renforcer leur soutien pour répondre effectivement aux pertes et dommages et pas juste les prévenir ou minimiser, la référence aux financements reste malheureusement implicite et nécessite d’être écrite noir sur blanc », souligne de son côté, dans un communiqué, l’experte climat de l’ONG Care, Fanny Petitbon. 

Mohamed Nasheed, ambassadeur du Climate vulnerable forum (CVF), est particulièrement critique. « Les objectifs d’émissions 2030 doivent être le double de leur force actuelle pour empêcher le réchauffement d’aller au-delà », cingle-t-il. Les financements promis – et qui devraient déjà être atteints – ne sont pas suffisants. Leur répartition, 50% pour l’adaptation aux changements climatiques, et 50% pour l’atténuation, doit être « renforcé dans le texte », insiste-t-il.  

L’ONG Greenpeace est vent debout. « Ce projet d’accord n’est pas un plan pour résoudre la crise climatique, c’est un accord que nous croiserons tous les doigts et espérer pour le mieux (…) Le texte doit être beaucoup plus fort sur le financement et l’adaptation et doit inclure des chiffres réels dans les centaines de milliards, avec un plan de livraison pour les pays riches afin de soutenir les pays moins développés », écrit sa directrice Jennifer Morgan. L’organisation est pessimiste au sujet des rares satisfactions présentes dans ce brouillon. « Tandis que le texte appelle à une élimination progressive accélérée des subventions au charbon et aux combustibles fossiles, des démolisseurs comme les gouvernements saoudien et australien s’efforceront de vider cette partie avant la clôture de cette conférence. » Verdict dans les prochaines heures. 

Source: L’express

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