Après avoir riposté aux sanctions de la Communauté des États ouest africains, le chef de la junte malienne, le colonel Assimi GOÏTA, a joué l’apaisement, lundi, en appelant l’organisation régionale au dialogue et ses compatriotes au calme et à la « résilience ».

Après les représailles, l’appel au dialogue. Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi GOÏTA, a décidé, lundi 10 janvier, de tendre une main à la Communauté des États ouest africains (CEDEAO) afin d’apaiser les tensions avec l’organisation régionale.

« Même si nous regrettons le caractère illégitime, illégal et inhumain de certaines décisions, le Mali reste ouvert au dialogue avec la CEDEAO pour trouver un consensus entre les intérêts supérieurs du peuple malien et le respect des principes fondamentaux de l’organisation », a-t-il dit dans un discours diffusé à la télévision publique.

Il n’a pas annoncé de nouvelle mesure de riposte, mais n’a pas non plus fait de nouvelle proposition pour sortir de la crise politique.

« Je vous demande de rester calmes et sereins car nous avons fait le choix d’être sincères afin de prendre notre destin en main en forgeant notre propre voie. La CEDEAO et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) se sont assumées, nous en ferons autant », a-t-il ajouté.

La Guinée se distancie des propos de la CEDEAO

La CEDEAO a imposé, dimanche, une batterie de mesures de rétorsion, dont la mise sous embargo du Mali. Elle a durement sanctionné le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années et le manquement à sa promesse de tenir le 27 février des élections ramenant les civils au pouvoir.

Les mesures ont commencé à se faire sentir. Le ministère des Transports a assuré que « les vols des compagnies ‘non-CEDEAO’ continueront à desservir les aéroports du Mali ». Mais Air France a annoncé ne pas pouvoir assurer la desserte de Bamako « en raison de tensions géopolitiques régionales ».

Les sanctions de la CEDEAO ne font toutefois pas l’unanimité. La junte au pouvoir en Guinée, pays frontalier avec le Mali, a annoncé que « les frontières aériennes, terrestres et maritimes de la Guinée restent toujours ouvertes à tous les pays frères conformément à sa volonté panafricaniste ».

Dans un communiqué lu lundi soir à la télévision publique, le Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD, composé de militaires) déclare que la Guinée, « en aucune façon, n’a été associée à la décision du quatrième sommet extraordinaire des chefs d’État de la CEDEAO relative aux sanctions prises contre le Mali ».

La communauté internationale inquiète

La junte avait déjà exprimé sa colère dans un communiqué lu à la télévision nationale au milieu de la nuit par le porte-parole du gouvernement, en uniforme, promettant de rappeler ses ambassadeurs dans les États membres de la CEDEAO et de fermer les frontières avec ces pays, des mesures de réciprocité largement symboliques. 

La junte accusait alors la CEDEAO de se laisser « instrumentaliser par des puissances extra-régionales », une référence évidente à certains partenaires au premier rang desquels la France, engagée militairement au Sahel mais avec laquelle les relations se sont sérieusement dégradées depuis 2020.

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, la France a apporté son « plein soutien aux efforts de la CEDEAO », les autorités maliennes, « une fois encore », n’ayant « pas respecté les exigences de la CEDEAO et leurs propres engagements ».

Les États-Unis se sont dits « profondément préoccupés par l’absence de progrès au Mali » et ont exhorté les autorités maliennes « à revenir à la démocratie en temps opportun ».

A contrario, la Russie a appelé à appuyer les « efforts compréhensibles » de la junte « visant à rétablir l’ordre » et dit comprendre « les difficultés » auxquelles se heurtent les autorités maliennes pour la préparation des élections. 

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