Emmanuel Macron © EPA

L’Union africaine a-t-elle été instrumentalisée pour faire échec à l’initiative japonaise en Afrique (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) ? Si tel est le cas, les dirigeants africains n’auraient pas tiré leçons de la privation en sécurité et en ressources, que représentent certains évènements survenus dans l’histoire récente de l’Afrique, et qui sont provoqués de l’extérieur. On peut citer les situations de conflits en Libye, où après l’intervention de l’OTAN (Organisation du Traité Atlantique Nord), le terrorisme a été répandu dans le Sahel. Les pressions qu’en subissent les Etats, contribuent à les rendre ingouvernables. En témoigne l’histoire récente dans les pays comme la Libye, la Centrafrique, le Congo, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Guinée Conakry etc. Le Sahel est une région du monde réputée recouvrir d’énormes richesses. Les évènements qui s’y produisent, porteurs d’insécurité, de déstabilisation et dont les conséquences sont négatives sur le peuplement du Sahel, ne relèvent probablement pas de simple fait de contingences. Leur avènement se situerait dans un raisonnement humain, de conquête et de convoitise sur les ressources du Sahel, dans lequel l’Occident ne serait pas étranger, selon certaines sources. Ce présumé projet de sauvegarde des ressources du Sahel, au seul profit des maîtres du monde (puissances occidentales), fait une place de choix à des conflits armés perpétués par des groupes armés pour terroriser les populations. Il comporte également l’existence de corridors réservés aux trafics illicites de toute sortes. Ce que l’agenda de ce projet de déstabilisation du Sahel ne prévoit pas, c’est l’arrivée de nouvelles puissances et le renforcement de partenariat entre celles-ci et l’Afrique. La Russie, la Chine et le Japon, même si leur puissances économique et militaire ne souffrent d’aucun doute, devront compter avec les obstacles occidentaux, pour aider l’Afrique. Le paradoxe est qu’il arrive que les dirigeants africains jouent le jeu de l’Occident contre les intérêts de leurs peuples, comme ce fut le cas lors de la TICAD 8 en Août dernier à Tunis. Le Japon a fait son entrée triomphale en Afrique en adoptant une démarche innovante et originale, à travers la Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de Afrique (TICAD). Mais la percée japonaise en Afrique ne sera pas aisée, car aussi bien les pays occidentaux, la France en tête, que la Chine et la Russie ne se laisseront pas prendre aussi facilement leur place. Au besoin, certains n’hésiteraient pas de mettre les bâtons dans les roues d’une coopération nippon africaine exemplaire, qui a démarré sur des chapeaux de roues. Le déroulement de la TICAD 8 à Tunis, les 27 et 28 Août derniers, a révélé des tournures politiques troublantes, qui suscitent beaucoup d’interrogations. Lors de la TICAD 8, l’Union africaine s’est-elle prêtée au jeu pour alimenter volontairement des sources de division ? Des Africains au pouvoir sont-ils utilisés pour détruire des Etas et déstabiliser le Sahel ?

Le calendrier de la tournée africaine d’Emmanuel Macron de juillet 2022 a-t-il été bien réfléchi ou y a-t-il eu simple coïncidence ? Cette tournée s’est déroulée à la veille de la TICAD 8. A un petit mois de ce Sommet Afrique-Japon, tenu à Tunis, les 27 et 28 août 2022 sur le développement de l’Afrique.

Profitant du boom économique qu’il a connu, le Japon, disposant d’assez d’argent pour aider l’Afrique, a lancé en 1993, l’initiative de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD : Tokyo International Conference on African Development), pour consolider les relations nippon-Afrique. Ainsi, la TICAD va être axée sur la croissance économique, car « ce qu’attend le Japon de l’Afrique, c’est le développement de l’Afrique, la sécurité et la stabilité, le renforcement des capacités et le bien être humain », selon Koji Fukuhara, chef de mission, adjoint à l’Ambassade du Japon au Mali, au cours d’un entretien accordé à Laviesahel.com, le 2 septembre 2022. La Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui est à sa 8ème édition, répond aux attentes de développement économique et d’émergence politique de l’Afrique. A ce titre, elle a créé un engouement certain chez les Africains et se tient désormais en rotation au Japon et en Afrique (par exemple à Naïrobi au Kenya en 2016 et à Tunis en Tunisie en 2022).

Mais l’arrivée en trombe du Japon sur le continent, crée sans doute des jaloux, l’Afrique étant dominée par l’influence occidentale (due à l’histoire de la colonisation). Cette aventure japonaise n’est sans doute pas vue d’un bon œil, et apparaît comme une nouvelle menace contre les intérêts des anciens maîtres. Le délitement, ces dernières années, de l’influence de la France en Afrique, en a rajouté au sentiment anti-russe du Président français Emmanuel Macron. Et l’éventualité d’une guerre feutrée sous-marine contre le Japon en Afrique est de plus en plus plausible avec le rejet spectaculaire de la politique française au profit de la Russie.

Les raisons du désamour français en Afrique

Le déficit de résultats de l’armée française Barkhane, dans la lutte contre le terrorisme, et en plus, les graves soupçons de complicité avec les terroristes au Mali, au Niger et au Burkina Faso, conduisent ces pays à jeter la France dehors. Au Mali comme en Centrafrique, la France a été soupçonnée d’entraver et faire blocage des commandes d’armes destinées à combattre les terroristes. Ces pays ont tourné le dos à l’ancien colonisateur pour renforcer leur coopération militaire avec la Russie de Vladimir Vladimirovitch Poutine. Ce rejet touche non seulement le domaine de la coopération militaire (départ de Barkhane demandé dans ces pays), mais aussi de la diplomatie avec l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, Joel Meyer, en fin janvier 2022 ; l’incendie de l’ambassade de France au Burkina Faso, le 1er octobre 2022. La politique de deux poids deux mesures des autorités françaises, enclines à admettre des militaires au pouvoir au Tchad, quand c’est Mahamat Idriss Déby, dont la mort du père est entourée de mystère, mais pas en Guinée, quand le putschiste s’appelle Mamadi Doumbouya, ou au Mali, quand c’est Assimi Goïta, a fini de convaincre que la démocratie soutenue par la France, est à géométrie variable. En outre, ces autorités françaises comprennent un troisième mandat, quand il s’agit de Alassane Dramane Ouattara ou Alpha Condé.

Les autorités françaises vont-elles se poser les bonnes questions et tirer leçons de la perte progressive de l’influence française en Afrique, un continent qui se détourne de plus en plus de la France pour renforcer sa coopération avec d’autres partenaires, notamment la Russie ? S’interroger sur les causes de cette déchéance, et surtout les raisons de la volteface Africaine serait un bon début.  Refuser de poser ces bonnes questions, équivaudrait à un déni de réalité. Continuer de surfer sur les effets de la débâcle française en Afrique, et en oublier volontairement les causes profondes, comme le fait exactement le président Emmanuel Macron, c’est se mettre dans une tour d’ivoire et ne jamais accepter d’en sortir. C’est la politique de l’Autruche, conduisant à s’acharner à de vaines tentatives, sans convaincre, de faire prendre l’effet (l’influence russe en Afrique) pour la cause (la politique paternaliste de la France en Afrique), et à accuser son homologue de la Russie.

Le choix du type de coopération et des partenaires est un acte de souveraineté, qu’aucun Etat ne peut dénier à un autre, qui ne peut être imposé que sur la base de la négociation autour d’intérêts profitables à tous. Apparemment, certains semblent denier cette maturité aux Etats africains, à la place desquels, on doit choisir, et qui ne devraient surtout pas coopérer avec la Russie.

Cette posture révèle la persistance de rapports de force entre dominant et dominé permettant au premier de tirer le marron du feu en Afrique. Il pourrait tout mettre en œuvre pour barrer la route à toute autre offre pouvant contribuer à changer ce rapport de domination imposé et exercé sur les peuples africains à travers leurs propres dirigeants et valets corrompus. C’est ainsi que la Russie de Vladimir Poutine est présentée comme la peste dont il faut s’éloigner. Par ailleurs, aucun procédé ne serait de trop pour faire échec à l’initiative japonaise de la TICAD.

Révolte pour de nouvelles indépendances

Cette politique paternaliste et infantilisante de la France en Afrique, est devenue contreproductive, et a ouvert un boulevard pour la Chine, l’Inde, la Russie et le Japon. Ce qui fait que le continent africain, notamment des Etats du Sahel, se trouve dans une dynamique nouvelle, qui semble être irréversible, et qui s’assimile à une volonté de conquérir de nouvelles indépendances et surtout de rejeter le dirigisme français. C’est une révolution des Etats, dans la droite ligne des nouvelles révolutions populaires, avec cette particularité que celles-ci ne sont pas forcément contre les militaires, comme au Mali du Colonel Assimi Goita, en Guinée du Colonel Mamadi Doumbouya, au Burkina Faso dans une certaine mesure), mais souvent avec les militaires contre des régimes élus sur la base d’élections frauduleuses (le Mali d’IBK, la Guinée de Alpha Condé, le Burkina Faso de Roch Marc Christian Kaboré).

Le dirigisme occidental a prospéré en Afrique, après les indépendances, parce que ces relations ont continué de reposer sur la complicité de certains dirigeants africains, qui se prêtent au jeu favori (jusqu’à ce qu’ils en soient les inéluctables victimes). Par ce moyen, les peuples africains sont privés du bénéfice des énormes ressources dont le continent est doté par dame nature.

Après 60 années d’indépendance, l’électricité sans laquelle il n’y a point de développement industriel, reste encore une denrée très insuffisante dans nos pays et coûte assez lourd pour le portefeuille des habitants moyens. A ce jour, le coton malien, béninois et Burkinabé, le cacao et le café ivoiriens, le bétail et la gomme arabique du Mali, du Soudan, du Niger et du Tchad, sont exportés vers les marchés européens. Par exemple le Tchad est le deuxième producteur mondial de la gomme arabique ; c’est le troisième produit d’exportation du pays. Le Soudan, premier producteur de gomme arabique, en est le premier exportateur mondial. Tous ces produits délibérément tournés vers l’exportation, y vont être transformés et dotés de la plus-value. Ils sont de ce fait porteurs de croissance pour les firmes industrielles, parce que revendus sur le marché international où les opérateurs économiques des Etats africains s’approvisionnent. En effet, les pays africains restent de gros producteurs d’or, de coton, de café, de cacao, de bétail, de gomme arabique, de fruits et légumes, mais aussi de grands consommateurs de leurs propres productions, qu’ils rachètent encore plus chers parce que dotés de la valeur ajoutée, grâce à la magie industrielle. Quel paradoxe ! De belles parures en or pour le régal de nos yeux, qui nous viennent de l’extérieur, des chocolats et du café moulu ou expresso, de délicieux jus et bonbons faits à partir de produits partis de chez nous sont les effets très peu reluisants, désastreux de notre coopération bilatérale avec l’ancienne puissance coloniale. Ce système est l’arme d’une coopération plutôt condescendante, mise en place et entretenue pour servir royalement l’ancien maître au détriment du continent noir. Il est vu par les partenaires de l’Est, comme une approche paternaliste de l’Occident, une nostalgie du système colonial.

Le réveil des peuples africains

A y regarder de près, tout est mis en œuvre pour maintenir, à travers les valets de service en Afrique, ce rapport de domination coloniale, qui n’a jamais cessé et qui rend les indépendances nationales factices et fictives. Ce mythe politique ne subsiste plus pour servir d’arme de domination dans la politique intérieure et internationale. L’hypocrisie politique a vécu dans la politique intérieure et internationale. Aujourd’hui, seuls les intérêts servent de boussole. Si des représentants d’Etat étrangers arrivent à spolier les Etats africains de leurs ressources, cela ne peut arriver que par la complicité des nôtres. Ce qui a tendance à être frappé de caducité, par le réveil des peuples africains, qui ne cautionnent plus les chefs d’Etat imposés et soutenus de l’extérieur.

Les peuples africains ont finalement décidé de « s’occuper » de leurs dirigeants corrompus, de les ‘’prendre en charge’’, et dire à la France qu’une velléité néo-colonialiste ne peut plus prospérer, de mettre balle à terre pour repartir sur la base d’une « coopération mutuellement avantageuse » et d’une diplomatie respectueuse de la souveraineté des Etats.

Les situations politique et sécuritaire au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Côte d’Ivoire, en Guinée Conakry, au Tchad et au Bénin, l’étayent largement, où les peuples cherchent à se faire entendre. Ils manifestent au risque de leur vie pour être audibles de leurs dirigeants atteints d’«autisme », qui n’entendent pas, ne voient pas et ne ressentent pas leurs peuples. A n’en pas douter, certains dirigeants africains sont téléguidés de l’extérieur pour privilégier des intérêts étrangers. La démocratie, la bonne gouvernance, la justice et la justice sociale ne sont pas leurs vraies préoccupations. Ils les évoquent par euphémisme pour saupoudrer, infantiliser et berner leurs peuples, à en juger la qualité de la gouvernance. Après les élections, le candidat responsable et patriote se transforme en fauve, une fois arrivé au pouvoir par des moyens frauduleux. Ils utilisent les services de l’Etat à leur seul profit et pillent les ressources du pays au profit de l’extérieur, pour des intérêts d’Etats étrangers et pour leurs propres chantiers divers. Certains finissent par rendre gorge de leur forfait, lâchés par le maître étranger et sans refuge auprès de leurs propres populations, qui les ont vu naitre et grandir, et dont les impôts ont servi à les envoyer à l’école, à leur donner un centre de santé, des routes et des moyens de transport, de l’eau potable et un environnement sain. Pendant leur mandat, rien de tout ceux-ci n’a été à la hauteur des défis, mais ils n’ont pas privilégié l’intérêt général pour les améliorer. Et en conséquence, ils mobilisent de gros moyens pour des soins à l’extérieur du pays, inscrivent leurs enfants dans les écoles les plus chères, parce qu’ils en ont les poches pleines d’argent indu. Ils sont rattrapés par l’histoire pour les crimes commis et leurs actes contre leurs pays.

La fin d’une époque

Aujourd’hui, l’espoir est plus brillant que jamais de voir dans le futur, les chefs d’Etat africains défendre enfin l’intérêt général, de bien gérer les ressources publiques, de faire le bon choix de nos partenaires, de disposer des leviers de notre coopération et de notre diplomatie. Au Mali, si le Colonel Assimi Goïta joue en featuring avec le Capitaine Sankara, le Colonel Ibrahima Traoré peut prendre le mouchoir blanc de feu le président Sékou Touré, et entrer en scène.

Le Président russe, Vladimir Poutine, a montré à la face du monde, que dans la société internationale, ce n’est pas la ‘’politesse’’ qui régule les rapports des Etats. Au milieu des critiques, à la limite du dénigrement, la Russie a su déjouer les pronostics en s’imposant au monde entier, par la puissance opérationnelle de son armée, et la dissuasion militaire. Pour combien de temps ? La Chine quant à elle, s’est imposée en Afrique du 21ème siècle par une agressivité économique sans pareille, qui va de la construction de ponts et routes souvent offerts, à la prédation, pour ne pas dire le pillage des ressources minières et forestières du pays hôte. Dans un tel paysage ouvert au jeu international, et où tout le monde a sa place, le Japon a fait son entrée triomphale en Afrique en adoptant une démarche innovante et originale, à travers la Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de Afrique (TICAD). Mais la percée japonaise en Afrique ne sera pas aisée, car aussi bien les pays occidentaux, la France en tête, que la Chine et la Russie ne se laisseront pas prendre aussi facilement leur place. Au besoin, certains n’hésiteraient pas de mettre les bâtons dans les roues d’une coopération nippon africaine exemplaire, qui a démarré sur des chapeaux de roues. Le déroulement de la TICAD 8 à Tunis les 27 et 28 Août derniers a révélé des tournures politiques troublantes, qui suscitent beaucoup d’interrogations. Certains Etats occidentaux ne lésineraient pas sur les moyens pour sauvegarder leurs intérêts en terre africaine, même si des pays africains devraient en payer les frais en les maintenant dans le sous-développement, la mal gouvernance et l’insécurité ; en empêchant également la diversification des partenariats et des possibilités de financement. Ainsi lors de la TICAD 8, l’Union africaine ne s’est-elle pas prêtée au jeu pour gâcher l’opportunité offerte par le Sommet Afrique-Japon au profit de la France, en alimentant volontairement des sources de division ? Des Africains au pouvoir ont-ils été utilisés pour détruire des Etats et déstabiliser le Sahel ?

Tournée africaine de Macron

Cependant, rien n’indique que le président français Emmanuel Macron a compris les Africains. Sa tournée africaine au mois de juillet dernier a montré la persistance d’un président paternaliste, qui aspire à toujours dire aux chefs d’Etat africains, ce qui est bon pour leur Etat et ce qui ne le sera pas.

Au cours de cette tournée qui l’a conduit au Cameroun, au Bénin, en Guinée-Bissau, l’accent a été plus mis sur la situation politique de la sous-région, marquée par des coups d’État au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, que sur la situation sécuritaire qui empêche les populations, les entreprises et les commerces, de vaquer à leurs activités quotidiennes de production. C’est la loi du silence quand il s’agit du cas tchadien où le président Mahamat Idriss Deby veut une prolongation de la Transition, à la fin de laquelle il voudra être candidat. Les Maliens, Guinéens et Burkinabé n’ont rien perdu de cette lecture de la situation politico-sécuritaire en Afrique de l’Ouest, avec une dose de politique à géométrie variable. La crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine, les enjeux de production agricole et les questions sécuritaires ont alimenté la tournée africaine du président. Bref, on retient l’intolérance nourrie par le président Macron, contre d’une part certaines autorités africaines, qui lui obéissent de moins en moins, et d’autre part le président russe Vladimir Poutine, qui cumule deux bonnes raisons pour qu’on l’abatte : la guerre en Ukraine et le soutien aux Etats rebelles d’Afrique, qui en plus, se tournent vers la Russie.

Macron doit se rendre en Algérie, où il discutera avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, de question sécuritaire et de stabilité dans le Sahel. Également du Mali de Assimi Goïta, qui lui tient tête, après avoir expulsé son ambassadeur et laissé partir Barkhane. Non content de tout cela, Bamako se fait le plaisir de programmer une ultime humiliation publique de Paris aux Nations-Unies, en accusant l’armée française de survoler son territoire, à des fins d’espionnage, pour fournir des renseignements, des armes, des soutiens logistiques aux groupes terroriste dans le Sahel. La CEDEAO et l’UEMOA ont montré leur limite avec les sanctions auxquelles Bamako a survécu.

Il faut cependant contenter d’Alger avant de s’y rendre. La visite d’Emmanuel Macron en Algérie est programmée et coïncide avec les dates du Sommet Afrique-Japon, les 27 et 28 Août 2022. L’ami Macky Sall, président de l’Union africaine, a pris soin d’impliquer la Commission pour s’assurer que le chef du Polisario Brahim Ghali a bien reçu son invitation et qu’il participera à la Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique. Un coup de maître se prépare, ce fut d’une pierre deux coups : mécontenter le Maroc du Roi Mohammed VI et désorganiser la TICAD 8.

En apprenant que le président tunisien Kaïs SAÏED réservera au chef du front séparatiste, un accueil digne d’un Chef d’Etat, le Royaume chérifien décide de boycotter cette ultime humiliation, et mieux, de rappeler l’ambassadeur du Roi à Tunis en consultation. Et pendant que le ministre marocain des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, ruminait ses peines, le président Emmanuel Macron sera en train de prendre le déjeuner avec le président Abdelmadjid Tebboune, les 27 et 28 Août. Un succès diplomatique pour le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra.

Connaissant le poids économique du Maroc en Afrique, on peut aisément comprendre qu’il s’est agi d’un coup dur assené à la fois à la TICAD 8 et aux partenaires africains du Maroc. La TICAD s’est tenue dans un climat tendu, où la présence du Polisario et le boycott marocain ont alimenté les interventions dans la salle. Dans un cafouillage voulu comme tel par l’Union africaine, certains présidents africains ont excellé dans la comédie aux larmes de crocodile, vociférant ou claquant la porte de la conférence pour s’indigner de l’absence du Maroc. Où va l’Afrique avec des plaisantins au sommet, quand on sait que c’est la Commission de l’Union africaine qui a invité le front polisario, contre l’avis du Japon.

L’effet de ce coup de Poker a vécu ce que vivent les roses. Le président Tebboune ne sera pas au côté de Macron dans sa lutte contre le terroriste, dont la sincérité a connu des fortunes diverses. La politique française a connu ses limites dans le Sahel, et bientôt la France pourrait y dire adieu. Les révélations graves et le dossier de saisine du Mali aux Nations-Unies, même sans obtenir la réunion demandée a eu tous les effets escomptés. Tebboune a refusé l’offre de porter le chapeau d’une bataille perdue d’avance. La force conjointe du G5 Sahel créée sous l’égide de la France est morte de sa belle mort avec le retrait du Mali de cette organisation. A sa création, l’Algérie a été soigneusement écartée, en prenant le Tchad pour l’ajouter aux pays du champ à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger. Le G5 Sahel a eu un prédécesseur, le CEMOC (Comité d’état-major opérationnel conjoint), qui a été plongé dans l’hibernation depuis la création du G5 Sahel. Il comprenait l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Au cours de ce mois d’octobre, les chefs d’Etat-major du CEMOC se sont réunis à Alger. Le Niger assure la présidence du Comité dont le plan d’opération est en préparation. Ces opérations seront-elles conciliables avec la présence de Barkhane au Niger ? Si tel n’est pas le cas, il sera gentiment demandé de le redéployer ailleurs. Notez bien : l’Algérie veut prendre à bras le corps la lutte contre le terrorisme, pour la stabilité des pays du Sahel.

L’Union africaine a-t-elle été instrumentalisée pour faire échec à l’initiative japonaise en Afrique (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) ? Si tel est le cas, les dirigeants africains n’auraient pas tiré leçons de la privation en sécurité et en ressources, que représentent certains évènements survenus dans l’histoire récente de l’Afrique, et qui sont provoqués de l’extérieur. On peut citer les situations de conflits en Libye, où après l’intervention de l’OTAN (Organisation du Traité Atlantique Nord), le terrorisme a été répandu dans le Sahel. Les pressions qu’en subissent les Etats, contribuent à les rendre ingouvernables. En témoigne l’histoire récente dans les pays comme la Libye, la Centrafrique, le Congo, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Guinée Conakry etc. Le Sahel est une région du monde réputée recouvrir d’énormes richesses. Les évènements qui s’y produisent, porteurs d’insécurité, de déstabilisation et dont les conséquences sont négatives sur le peuplement du Sahel, ne relèvent probablement pas de simple fait de contingences. Leur avènement se situerait dans un raisonnement humain, de conquête et de convoitise sur les ressources du Sahel, dans lequel l’Occident ne serait pas étranger, selon certaines sources. Ce présumé projet de sauvegarde des ressources du Sahel, au seul profit des maîtres du monde (puissances occidentales), fait une place de choix à des conflits armés perpétués par des groupes armés pour terroriser les populations. Il comporte également l’existence de corridors réservés aux trafics illicites de toute sortes. Ce que l’agenda de ce projet de déstabilisation du Sahel ne prévoit pas, c’est l’arrivée de nouvelles puissances et le renforcement de partenariat entre celles-ci et l’Afrique. La Russie, la Chine et le Japon, même si leur puissances économique et militaire ne souffrent d’aucun doute, devront compter avec les obstacles occidentaux, pour aider l’Afrique. Le paradoxe est qu’il arrive que les dirigeants africains jouent le jeu de l’Occident contre les intérêts de leurs peuples, comme ce fut le cas lors de la TICAD 8 en Août dernier à Tunis. Le Japon a fait son entrée triomphale en Afrique en adoptant une démarche innovante et originale, à travers la Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de Afrique (TICAD). Mais la percée japonaise en Afrique ne sera pas aisée, car aussi bien les pays occidentaux, la France en tête, que la Chine et la Russie ne se laisseront pas prendre aussi facilement leur place. Au besoin, certains n’hésiteraient pas de mettre les bâtons dans les roues d’une coopération nippon africaine exemplaire, qui a démarré sur des chapeaux de roues. Le déroulement de la TICAD 8 à Tunis, les 27 et 28 Août derniers, a révélé des tournures politiques troublantes, qui suscitent beaucoup d’interrogations. Lors de la TICAD 8, l’Union africaine s’est-elle prêtée au jeu pour alimenter volontairement des sources de division ? Des Africains au pouvoir sont-ils utilisés pour détruire des Etas et déstabiliser le Sahel ?

Le calendrier de la tournée africaine d’Emmanuel Macron de juillet 2022 a-t-il été bien réfléchi ou y a-t-il eu simple coïncidence ? Cette tournée s’est déroulée à la veille de la TICAD 8. A un petit mois de ce Sommet Afrique-Japon, tenu à Tunis, les 27 et 28 août 2022 sur le développement de l’Afrique.

Profitant du boom économique qu’il a connu, le Japon, disposant d’assez d’argent pour aider l’Afrique, a lancé en 1993, l’initiative de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD : Tokyo International Conference on African Development), pour consolider les relations nippon-Afrique. Ainsi, la TICAD va être axée sur la croissance économique, car « ce qu’attend le Japon de l’Afrique, c’est le développement de l’Afrique, la sécurité et la stabilité, le renforcement des capacités et le bien être humain », selon Koji Fukuhara, chef de mission, adjoint à l’Ambassade du Japon au Mali, au cours d’un entretien accordé à Laviesahel.com, le 2 septembre 2022. La Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui est à sa 8ème édition, répond aux attentes de développement économique et d’émergence politique de l’Afrique. A ce titre, elle a créé un engouement certain chez les Africains et se tient désormais en rotation au Japon et en Afrique (par exemple à Naïrobi au Kenya en 2016 et à Tunis en Tunisie en 2022).

Mais l’arrivée en trombe du Japon sur le continent, crée sans doute des jaloux, l’Afrique étant dominée par l’influence occidentale (due à l’histoire de la colonisation). Cette aventure japonaise n’est sans doute pas vue d’un bon œil, et apparaît comme une nouvelle menace contre les intérêts des anciens maîtres. Le délitement, ces dernières années, de l’influence de la France en Afrique, en a rajouté au sentiment anti-russe du Président français Emmanuel Macron. Et l’éventualité d’une guerre feutrée sous-marine contre le Japon en Afrique est de plus en plus plausible avec le rejet spectaculaire de la politique française au profit de la Russie.

Les raisons du désamour français en Afrique

Le déficit de résultats de l’armée française Barkhane, dans la lutte contre le terrorisme, et en plus, les graves soupçons de complicité avec les terroristes au Mali, au Niger et au Burkina Faso, conduisent ces pays à jeter la France dehors. Au Mali comme en Centrafrique, la France a été soupçonnée d’entraver et faire blocage des commandes d’armes destinées à combattre les terroristes. Ces pays ont tourné le dos à l’ancien colonisateur pour renforcer leur coopération militaire avec la Russie de Vladimir Vladimirovitch Poutine. Ce rejet touche non seulement le domaine de la coopération militaire (départ de Barkhane demandé dans ces pays), mais aussi de la diplomatie avec l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, Joel Meyer, en fin janvier 2022 ; l’incendie de l’ambassade de France au Burkina Faso, le 1er octobre 2022. La politique de deux poids deux mesures des autorités françaises, enclines à admettre des militaires au pouvoir au Tchad, quand c’est Mahamat Idriss Déby, dont la mort du père est entourée de mystère, mais pas en Guinée, quand le putschiste s’appelle Mamadi Doumbouya, ou au Mali, quand c’est Assimi Goïta, a fini de convaincre que la démocratie soutenue par la France, est à géométrie variable. En outre, ces autorités françaises comprennent un troisième mandat, quand il s’agit de Alassane Dramane Ouattara ou Alpha Condé.

Les autorités françaises vont-elles se poser les bonnes questions et tirer leçons de la perte progressive de l’influence française en Afrique, un continent qui se détourne de plus en plus de la France pour renforcer sa coopération avec d’autres partenaires, notamment la Russie ? S’interroger sur les causes de cette déchéance, et surtout les raisons de la volteface Africaine serait un bon début.  Refuser de poser ces bonnes questions, équivaudrait à un déni de réalité. Continuer de surfer sur les effets de la débâcle française en Afrique, et en oublier volontairement les causes profondes, comme le fait exactement le président Emmanuel Macron, c’est se mettre dans une tour d’ivoire et ne jamais accepter d’en sortir. C’est la politique de l’Autruche, conduisant à s’acharner à de vaines tentatives, sans convaincre, de faire prendre l’effet (l’influence russe en Afrique) pour la cause (la politique paternaliste de la France en Afrique), et à accuser son homologue de la Russie.

Le choix du type de coopération et des partenaires est un acte de souveraineté, qu’aucun Etat ne peut dénier à un autre, qui ne peut être imposé que sur la base de la négociation autour d’intérêts profitables à tous. Apparemment, certains semblent denier cette maturité aux Etats africains, à la place desquels, on doit choisir, et qui ne devraient surtout pas coopérer avec la Russie.

Cette posture révèle la persistance de rapports de force entre dominant et dominé permettant au premier de tirer le marron du feu en Afrique. Il pourrait tout mettre en œuvre pour barrer la route à toute autre offre pouvant contribuer à changer ce rapport de domination imposé et exercé sur les peuples africains à travers leurs propres dirigeants et valets corrompus. C’est ainsi que la Russie de Vladimir Poutine est présentée comme la peste dont il faut s’éloigner. Par ailleurs, aucun procédé ne serait de trop pour faire échec à l’initiative japonaise de la TICAD.

Révolte pour de nouvelles indépendances

Cette politique paternaliste et infantilisante de la France en Afrique, est devenue contreproductive, et a ouvert un boulevard pour la Chine, l’Inde, la Russie et le Japon. Ce qui fait que le continent africain, notamment des Etats du Sahel, se trouve dans une dynamique nouvelle, qui semble être irréversible, et qui s’assimile à une volonté de conquérir de nouvelles indépendances et surtout de rejeter le dirigisme français. C’est une révolution des Etats, dans la droite ligne des nouvelles révolutions populaires, avec cette particularité que celles-ci ne sont pas forcément contre les militaires, comme au Mali du Colonel Assimi Goita, en Guinée du Colonel Mamadi Doumbouya, au Burkina Faso dans une certaine mesure), mais souvent avec les militaires contre des régimes élus sur la base d’élections frauduleuses (le Mali d’IBK, la Guinée de Alpha Condé, le Burkina Faso de Roch Marc Christian Kaboré).

Le dirigisme occidental a prospéré en Afrique, après les indépendances, parce que ces relations ont continué de reposer sur la complicité de certains dirigeants africains, qui se prêtent au jeu favori (jusqu’à ce qu’ils en soient les inéluctables victimes). Par ce moyen, les peuples africains sont privés du bénéfice des énormes ressources dont le continent est doté par dame nature.

Après 60 années d’indépendance, l’électricité sans laquelle il n’y a point de développement industriel, reste encore une denrée très insuffisante dans nos pays et coûte assez lourd pour le portefeuille des habitants moyens. A ce jour, le coton malien, béninois et Burkinabé, le cacao et le café ivoiriens, le bétail et la gomme arabique du Mali, du Soudan, du Niger et du Tchad, sont exportés vers les marchés européens. Par exemple le Tchad est le deuxième producteur mondial de la gomme arabique ; c’est le troisième produit d’exportation du pays. Le Soudan, premier producteur de gomme arabique, en est le premier exportateur mondial. Tous ces produits délibérément tournés vers l’exportation, y vont être transformés et dotés de la plus-value. Ils sont de ce fait porteurs de croissance pour les firmes industrielles, parce que revendus sur le marché international où les opérateurs économiques des Etats africains s’approvisionnent. En effet, les pays africains restent de gros producteurs d’or, de coton, de café, de cacao, de bétail, de gomme arabique, de fruits et légumes, mais aussi de grands consommateurs de leurs propres productions, qu’ils rachètent encore plus chers parce que dotés de la valeur ajoutée, grâce à la magie industrielle. Quel paradoxe ! De belles parures en or pour le régal de nos yeux, qui nous viennent de l’extérieur, des chocolats et du café moulu ou expresso, de délicieux jus et bonbons faits à partir de produits partis de chez nous sont les effets très peu reluisants, désastreux de notre coopération bilatérale avec l’ancienne puissance coloniale. Ce système est l’arme d’une coopération plutôt condescendante, mise en place et entretenue pour servir royalement l’ancien maître au détriment du continent noir. Il est vu par les partenaires de l’Est, comme une approche paternaliste de l’Occident, une nostalgie du système colonial.

Le réveil des peuples africains

A y regarder de près, tout est mis en œuvre pour maintenir, à travers les valets de service en Afrique, ce rapport de domination coloniale, qui n’a jamais cessé et qui rend les indépendances nationales factices et fictives. Ce mythe politique ne subsiste plus pour servir d’arme de domination dans la politique intérieure et internationale. L’hypocrisie politique a vécu dans la politique intérieure et internationale. Aujourd’hui, seuls les intérêts servent de boussole. Si des représentants d’Etat étrangers arrivent à spolier les Etats africains de leurs ressources, cela ne peut arriver que par la complicité des nôtres. Ce qui a tendance à être frappé de caducité, par le réveil des peuples africains, qui ne cautionnent plus les chefs d’Etat imposés et soutenus de l’extérieur.

Les peuples africains ont finalement décidé de « s’occuper » de leurs dirigeants corrompus, de les ‘’prendre en charge’’, et dire à la France qu’une velléité néo-colonialiste ne peut plus prospérer, de mettre balle à terre pour repartir sur la base d’une « coopération mutuellement avantageuse » et d’une diplomatie respectueuse de la souveraineté des Etats.

Les situations politique et sécuritaire au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Côte d’Ivoire, en Guinée Conakry, au Tchad et au Bénin, l’étayent largement, où les peuples cherchent à se faire entendre. Ils manifestent au risque de leur vie pour être audibles de leurs dirigeants atteints d’«autisme », qui n’entendent pas, ne voient pas et ne ressentent pas leurs peuples. A n’en pas douter, certains dirigeants africains sont téléguidés de l’extérieur pour privilégier des intérêts étrangers. La démocratie, la bonne gouvernance, la justice et la justice sociale ne sont pas leurs vraies préoccupations. Ils les évoquent par euphémisme pour saupoudrer, infantiliser et berner leurs peuples, à en juger la qualité de la gouvernance. Après les élections, le candidat responsable et patriote se transforme en fauve, une fois arrivé au pouvoir par des moyens frauduleux. Ils utilisent les services de l’Etat à leur seul profit et pillent les ressources du pays au profit de l’extérieur, pour des intérêts d’Etats étrangers et pour leurs propres chantiers divers. Certains finissent par rendre gorge de leur forfait, lâchés par le maître étranger et sans refuge auprès de leurs propres populations, qui les ont vu naitre et grandir, et dont les impôts ont servi à les envoyer à l’école, à leur donner un centre de santé, des routes et des moyens de transport, de l’eau potable et un environnement sain. Pendant leur mandat, rien de tout ceux-ci n’a été à la hauteur des défis, mais ils n’ont pas privilégié l’intérêt général pour les améliorer. Et en conséquence, ils mobilisent de gros moyens pour des soins à l’extérieur du pays, inscrivent leurs enfants dans les écoles les plus chères, parce qu’ils en ont les poches pleines d’argent indu. Ils sont rattrapés par l’histoire pour les crimes commis et leurs actes contre leurs pays.

La fin d’une époque

Aujourd’hui, l’espoir est plus brillant que jamais de voir dans le futur, les chefs d’Etat africains défendre enfin l’intérêt général, de bien gérer les ressources publiques, de faire le bon choix de nos partenaires, de disposer des leviers de notre coopération et de notre diplomatie. Au Mali, si le Colonel Assimi Goïta joue en featuring avec le Capitaine Sankara, le Colonel Ibrahima Traoré peut prendre le mouchoir blanc de feu le président Sékou Touré, et entrer en scène.

Le Président russe, Vladimir Poutine, a montré à la face du monde, que dans la société internationale, ce n’est pas la ‘’politesse’’ qui régule les rapports des Etats. Au milieu des critiques, à la limite du dénigrement, la Russie a su déjouer les pronostics en s’imposant au monde entier, par la puissance opérationnelle de son armée, et la dissuasion militaire. Pour combien de temps ? La Chine quant à elle, s’est imposée en Afrique du 21ème siècle par une agressivité économique sans pareille, qui va de la construction de ponts et routes souvent offerts, à la prédation, pour ne pas dire le pillage des ressources minières et forestières du pays hôte. Dans un tel paysage ouvert au jeu international, et où tout le monde a sa place, le Japon a fait son entrée triomphale en Afrique en adoptant une démarche innovante et originale, à travers la Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de Afrique (TICAD). Mais la percée japonaise en Afrique ne sera pas aisée, car aussi bien les pays occidentaux, la France en tête, que la Chine et la Russie ne se laisseront pas prendre aussi facilement leur place. Au besoin, certains n’hésiteraient pas de mettre les bâtons dans les roues d’une coopération nippon africaine exemplaire, qui a démarré sur des chapeaux de roues. Le déroulement de la TICAD 8 à Tunis les 27 et 28 Août derniers a révélé des tournures politiques troublantes, qui suscitent beaucoup d’interrogations. Certains Etats occidentaux ne lésineraient pas sur les moyens pour sauvegarder leurs intérêts en terre africaine, même si des pays africains devraient en payer les frais en les maintenant dans le sous-développement, la mal gouvernance et l’insécurité ; en empêchant également la diversification des partenariats et des possibilités de financement. Ainsi lors de la TICAD 8, l’Union africaine ne s’est-elle pas prêtée au jeu pour gâcher l’opportunité offerte par le Sommet Afrique-Japon au profit de la France, en alimentant volontairement des sources de division ? Des Africains au pouvoir ont-ils été utilisés pour détruire des Etats et déstabiliser le Sahel ?

Tournée africaine de Macron

Cependant, rien n’indique que le président français Emmanuel Macron a compris les Africains. Sa tournée africaine au mois de juillet dernier a montré la persistance d’un président paternaliste, qui aspire à toujours dire aux chefs d’Etat africains, ce qui est bon pour leur Etat et ce qui ne le sera pas.

Au cours de cette tournée qui l’a conduit au Cameroun, au Bénin, en Guinée-Bissau, l’accent a été plus mis sur la situation politique de la sous-région, marquée par des coups d’État au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, que sur la situation sécuritaire qui empêche les populations, les entreprises et les commerces, de vaquer à leurs activités quotidiennes de production. C’est la loi du silence quand il s’agit du cas tchadien où le président Mahamat Idriss Deby veut une prolongation de la Transition, à la fin de laquelle il voudra être candidat. Les Maliens, Guinéens et Burkinabé n’ont rien perdu de cette lecture de la situation politico-sécuritaire en Afrique de l’Ouest, avec une dose de politique à géométrie variable. La crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine, les enjeux de production agricole et les questions sécuritaires ont alimenté la tournée africaine du président. Bref, on retient l’intolérance nourrie par le président Macron, contre d’une part certaines autorités africaines, qui lui obéissent de moins en moins, et d’autre part le président russe Vladimir Poutine, qui cumule deux bonnes raisons pour qu’on l’abatte : la guerre en Ukraine et le soutien aux Etats rebelles d’Afrique, qui en plus, se tournent vers la Russie.

Macron doit se rendre en Algérie, où il discutera avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, de question sécuritaire et de stabilité dans le Sahel. Également du Mali de Assimi Goïta, qui lui tient tête, après avoir expulsé son ambassadeur et laissé partir Barkhane. Non content de tout cela, Bamako se fait le plaisir de programmer une ultime humiliation publique de Paris aux Nations-Unies, en accusant l’armée française de survoler son territoire, à des fins d’espionnage, pour fournir des renseignements, des armes, des soutiens logistiques aux groupes terroriste dans le Sahel. La CEDEAO et l’UEMOA ont montré leur limite avec les sanctions auxquelles Bamako a survécu.

Il faut cependant contenter d’Alger avant de s’y rendre. La visite d’Emmanuel Macron en Algérie est programmée et coïncide avec les dates du Sommet Afrique-Japon, les 27 et 28 Août 2022. L’ami Macky Sall, président de l’Union africaine, a pris soin d’impliquer la Commission pour s’assurer que le chef du Polisario Brahim Ghali a bien reçu son invitation et qu’il participera à la Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique. Un coup de maître se prépare, ce fut d’une pierre deux coups : mécontenter le Maroc du Roi Mohammed VI et désorganiser la TICAD 8.

En apprenant que le président tunisien Kaïs SAÏED réservera au chef du front séparatiste, un accueil digne d’un Chef d’Etat, le Royaume chérifien décide de boycotter cette ultime humiliation, et mieux, de rappeler l’ambassadeur du Roi à Tunis en consultation. Et pendant que le ministre marocain des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, ruminait ses peines, le président Emmanuel Macron sera en train de prendre le déjeuner avec le président Abdelmadjid Tebboune, les 27 et 28 Août. Un succès diplomatique pour le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra.

Connaissant le poids économique du Maroc en Afrique, on peut aisément comprendre qu’il s’est agi d’un coup dur assené à la fois à la TICAD 8 et aux partenaires africains du Maroc. La TICAD s’est tenue dans un climat tendu, où la présence du Polisario et le boycott marocain ont alimenté les interventions dans la salle. Dans un cafouillage voulu comme tel par l’Union africaine, certains présidents africains ont excellé dans la comédie aux larmes de crocodile, vociférant ou claquant la porte de la conférence pour s’indigner de l’absence du Maroc. Où va l’Afrique avec des plaisantins au sommet, quand on sait que c’est la Commission de l’Union africaine qui a invité le front polisario, contre l’avis du Japon.

L’effet de ce coup de Poker a vécu ce que vivent les roses. Le président Tebboune ne sera pas au côté de Macron dans sa lutte contre le terroriste, dont la sincérité a connu des fortunes diverses. La politique française a connu ses limites dans le Sahel, et bientôt la France pourrait y dire adieu. Les révélations graves et le dossier de saisine du Mali aux Nations-Unies, même sans obtenir la réunion demandée a eu tous les effets escomptés. Tebboune a refusé l’offre de porter le chapeau d’une bataille perdue d’avance. La force conjointe du G5 Sahel créée sous l’égide de la France est morte de sa belle mort avec le retrait du Mali de cette organisation. A sa création, l’Algérie a été soigneusement écartée, en prenant le Tchad pour l’ajouter aux pays du champ à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger. Le G5 Sahel a eu un prédécesseur, le CEMOC (Comité d’état-major opérationnel conjoint), qui a été plongé dans l’hibernation depuis la création du G5 Sahel. Il comprenait l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Au cours de ce mois d’octobre, les chefs d’Etat-major du CEMOC se sont réunis à Alger. Le Niger assure la présidence du Comité dont le plan d’opération est en préparation. Ces opérations seront-elles conciliables avec la présence de Barkhane au Niger ? Si tel n’est pas le cas, il sera gentiment demandé de le redéployer ailleurs. Notez bien : l’Algérie veut prendre à bras le corps la lutte contre le terrorisme, pour la stabilité des pays du Sahel.

En définitive, il n’a servi à rien de provoquer la colère des autorités marocaines, car l’Algérie a opposé un non catégorique à soutenir la politique sécuritaire de Macron, qui n’est pas pertinente. De son côté, la TICAD 8 à Tunis a produit une déclaration très pertinente pour renforcer la coopération exemplaire entre le Japon et l’Afrique. L’Union africaine qui a été impliquée dans l’organisation de ce sommet a fait un jeu malicieux. Pour contourner de tels abus, la TICAD pourrait mettre l’accent sur la coopération bilatérale et impliquer le secteur privé pour atteindre ses objectifs. A suivre !

En définitive, il n’a servi à rien de provoquer la colère des autorités marocaines, car l’Algérie a opposé un non catégorique à soutenir la politique sécuritaire de Macron, qui n’est pas pertinente. De son côté, la TICAD 8 à Tunis a produit une déclaration très pertinente pour renforcer la coopération exemplaire entre le Japon et l’Afrique. L’Union africaine qui a été impliquée dans l’organisation de ce sommet a fait un jeu malicieux. Pour contourner de tels abus, la TICAD pourrait mettre l’accent sur la coopération bilatérale et impliquer le secteur privé pour atteindre ses objectifs. A suivre !

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