En Afrique, les PME ont du mal à accéder au crédit, car elles sont encore trop souvent informelles. Pas de comptabilité, pas d’états financiers, dès lors les banquiers sont réticents. Il existe pourtant des solutions.
« Je dis souvent que l’on ne donne pas sa fille ou sa sœur à quelqu’un que l’on ne connaît pas. On cherche des informations sur ce dernier. Eh bien, les institutions financières font la même chose sur les petites et moyennes entreprises. »
La comparaison d’Idrissa Diabira a le mérite d’être parlante. Le directeur général de l’ADPME, l’Agence de développement des PME, a pour mission d’aider ces dernières à accéder au crédit et pour y parvenir, elles doivent se formaliser.
« On peut vous aider à mettre en place un système minimal de trésorerie qui vous permet d’avoir des informations clés sur votre activité, ce qui vous permet ensuite de rassurer l’institution financière. Et globalement, on va vous aider à mieux comprendre votre rôle de patron, ce qui fera le lien avec le marché et les institutions financières. »
L’ADPME a déjà accompagné 30 000 PME sénégalaises, dont 3 000 sont parvenues à formaliser leur activité. Le chantier est énorme puisque 90% des 400 000 entreprises du pays sont informelles. Pour le Malien Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier Azalaï, si les entreprises préfèrent le secteur informel, la responsabilité en incombe d’abord à l’État.
Réticence à légaliser son activité
« Le fait que nos économies soient informelles n’est que la conséquence de quelque chose, et ce quelque chose, c’est une administration prédatrice et ce sont des impôts très mal répartis. Et donc les gens se disent : « Tant que je peux être en dessous des radars, faire mon business et gagner ma vie, pourquoi me formaliser. Parce que le jour où je suis formalisé, tout le monde me tombe dessus ! » »
Le fisc est devenu le repoussoir ultime des entreprises : « Il ne va chercher les recettes fiscales que chez les entreprises qui ont fait le pari d’être dans le secteur formel. Il faudrait que l’État élargisse la base, et pour élargir la base, il faut une fiscalité allégée, il ne faut pas mille et une procédures, car à chaque fois qu’il y a une procédure, il y a une tentation de corruption. »
L’ADPME sénégalaise est consciente du fait que la formalisation effraye les entreprises. C’est pourquoi Idrissa Diabira préfère insister auprès des patrons sur ce qu’ils ont à y gagner.
« Lorsque vous demandez à un entrepreneur, quelle que soit sa taille : « Est-ce que demain tu veux être un champion ? » et que tu lui expliques les conditions pour pouvoir l’être, même si comme disent les économistes, payer les impôts est une « externalité négative », globalement, il sait qu’il va gagner beaucoup plus, car il a vocation à grandir. »
La bonne santé des PME est vitale aux économies africaines. Elles créent en effet entre 90 et 95% des emplois.
Source: RFI