Plusieurs incidents ont éclaté, samedi, faisant plusieurs blessés à Ouagadougou, après que des centaines de manifestants anti-gouvernementaux ont été dispersés par des policiers anti-émeutes à l’aide de gaz lacrymogène.
Une nouvelle journée sous tension au Burkina Faso. Des incidents ont éclaté dans plusieurs quartiers de Ouagadougou, samedi 27 novembre, faisant plusieurs blessés, dont un enfant et deux journalistes, après la dispersion de centaines de manifestants dénonçant l' »incapacité » du pouvoir à contrer la violence jihadiste.
Dans la matinée, les policiers anti-émeutes ont tiré du gaz lacrymogène pour empêcher les manifestants de se rassembler place de la Nation, dans le centre de la capitale burkinabè quadrillé par un important dispositif de sécurité et où tous les commerces étaient fermés, a constaté un journaliste de l’AFP.
Après cette dispersion musclée, des jeunes ont dressé des barricades de fortune et brûlé des pneus dans plusieurs quartiers de la capitale.
Des manifestants ont également vandalisé une partie de la direction de l’état civil, après avoir tenté d’incendier le bâtiment de la mairie de Ouagadougou, dont le maire avait interdit les rassemblements.
Au cours de ces violences, un enfant de moins de 10 ans a été blessé par des tirs de gaz lacrymogène et remis par les manifestants à une unité anti-émeute de la gendarmerie, a constaté l’AFP.
Deux journalistes burkinabè ont également été blessés lors de tirs de gaz lacrymogène, ont annoncé leurs médias, la radio privée Omega et le site en ligne Filinfos, sans qu’on sache la gravité de leurs blessures.
Un porte-parole de la Coalition du 27 novembre qui avait appelé à manifester, Hervé Ouattara, a évoqué « énormément de blessés », dont « deux sont dans le coma », ce qui n’a pas pu être confirmé de source indépendante.
Ces rassemblements de Burkinabè, qui souhaitaient dénoncer « l’incapacité » du président Roch Marc Christian Kaboré à faire face à la violence jihadiste qui ravage le pays, avait été interdit par la mairie de Ouagadougou.
Appel à la démission du gouvernement
L’un des manifestants, Fabrice Sawadogo, un jeune de 28 ans, a affirmé qu' »après sept ans d’incapacité face aux attaques terroristes qui nous endeuillent chaque jour, il est temps de demander le départ du régime ». « Nous n’avons pas à négocier avec un gouvernement incompétent qui doit admettre qu’il a échoué », a-t-il affirmé.
Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes du Burkina, en particulier à Bobo Dioulasso (ouest), la seconde du pays, où des manifestants ont également été dispersés par les forces de l’ordre à l’aide de gaz lacrymogène. Ce fut également le cas à Kaya, à une centaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou.
Plusieurs manifestants ont été interpellés, dont une des responsables du « Mouvement Sauvons le Burkina Faso », selon cette organisation membre de la Coalition du 27 novembre, sans donner le nombre d’arrestations.
Internet mobile coupé
D’autres mouvements de la société civile ont appelé à se démarquer de ces manifestations pour « ne pas être complices de ceux qui veulent jeter le chaos dans le pays ».
Alors que la colère grandit au Burkina Faso, le gouvernement a « décidé de prolonger la suspension de l’internet mobile pour une durée de 96 heures à compter de mercredi », sur l’ensemble du territoire national, après une précédente interruption de quatre jours pour « raison de sécurité ».
Le Burkina Faso est pris, depuis 2015, dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.
Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l’est du pays.
L’attaque, le 14 novembre, d’un détachement de gendarmerie à Inata (nord) – l’une des plus meurtrières contre les forces de sécurité depuis six ans – a profondément choqué les Burkinabè : au moins 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des jihadistes armés.
« Nous devons mettre fin aux dysfonctionnements inacceptables qui sapent le moral de nos troupes combattantes et entravent leur efficacité dans la lutte contre les groupes armés terroristes », a déclaré, jeudi soir, le président Kaboré, des paroles souvent répétées qui ne convainquent plus au Burkina Faso, où des attaques ont lieu de plus en plus régulièrement.
Parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, les violences jihadistes ont fait, depuis six ans, environ 2 000 morts et contraint 1,4 million de personnes à fuir leur foyer.
Source: France 24