Il se faisait discret depuis sa condamnation à mort, puis sa libération par la justice libyenne. Saïf al-Islam est désormais officiellement candidat à la présidentielle de décembre prochain. Mais sa candidature suscite des interrogations.
Pour l’instant, c’est uniquement le dépôt de candidature de l’ex-dignitaire du régime Kadhafi qui a été accepté par la commission électorale, tout comme celui de plusieurs autres candidats déclarés. Il va falloir attendre au moins jusqu’au 22 novembre, date limite de dépôt des candidatures, pour connaître ceux qui pourront effectivement briguer le siège présidentiel.
D’ici là, les discussions promettent d’être vives au sein du très divisé Parlement libyen. Celui-ci doit encore finaliser un Code électoral incomplet. Pour le moment, il existe des dispositions pour sélectionner les candidats en fonction de leur profil mais, selon les observateurs que RFI a pu joindre, elles ne suffisent pas à établir une liste de critères clairs.
Et le cas de Saïf al-Islam est particulièrement épineux. Condamné à mort par la justice libyenne pour son rôle répressif lors de la révolution quatre ans plus tôt puis libéré, il est également recherché par la Cour pénale internationale pour les mêmes raisons. En Libye, il bénéficie d’un soutien populaire certain, mais loin d’être unanime. Et à l’approche du scrutin, aucune figure ne se détache dans l’opinion publique en tout cas.
Risque de confusion
Pour le chercheur de la Global Initiative, Jalel Harchaoui, c’est la commission électorale qui risque de faire les frais de cette confusion : « La commission électorale est un organe qu’il est très facile d’attaquer. Il y a un besoin de trouver une autorité qui puisse dire au public pourquoi telle candidature a été rejeté. Parce que le candidat qui est insupportable pour certaines factions est considéré comme un héros pour d’autres. Et pouvoir donner l’impression d’être neutre et impartial là-dedans, c’est extrêmement difficile. »
Quelle que soit la décision finale sur Saïf al-Islam, la commission électorale, jusque-là saluée pour sa neutralité, risque de se voir accusée de faire de la politique. Et quant au processus électoral à venir, déjà qualifié d’incertain, il pourrait être encore un peu plus déstabilisé par cette candidature, qu’elle soit validée ou non. Ce lundi 15 novembre, plusieurs dignitaires de Misrata, l’un des berceaux de la révolution, ont appelé au boycott des élections. Ils refusent la candidature « d’un criminel de guerre ».
Source: RFI