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Un collectif d’avocats camerounais a renoncé, jeudi 9 septembre, à défendre une centaine de militants du parti du principal opposant, Maurice Kamto, écroués depuis près d’un an, face à l’impossibilité d’avoir « accès à une justice équitable ».

Le 22 septembre 2020, la police avait violemment réprimé les marches organisées par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto et par d’autres partis de l’opposition pour réclamer le départ du président Paul Biya, au pouvoir sans partage depuis près de 39 ans.

Sur les quelque 500 militants et cadres du MRC arrêtés, 124 sont toujours détenus, affirme le parti d’opposition. Les autorités camerounaises ont affirmé à plusieurs reprises que les personnes arrêtées étaient poursuivies notamment pour « tentative d’insurrection ».

Jeudi, le collectif d’une cinquantaine d’avocats qui les défendaient a annoncé ne plus être en mesure de le faire. « Le collectif déclare ne pouvoir s’associer à l’arbitraire et à l’illégalité, et prend la lourde et délicate décision de son retrait des procédures en cours », ont-t-ils écrit dans une déclaration publique.

« Parodie de justice »

Maître Emmanuel Simh, membre de ce collectif et vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), explique pourquoi les avocats ont pris cette décision qu’il qualifie de difficile et grave de ne plus assurer leur défense. « Les avocats se sont retrouvés dans l’impossibilité d’avoir accès à une justice équitable, justifie-t-il. La justice dans les affaires des militants du MRC obéit simplement au pouvoir politique de Yaoundé qui, pour nous, profite de ces procédures pour régler les comptes politiques à un parti pourtant légalisé. Nous estimons qu’il y a un défaut total d’indépendance, d’impartialité et d’équité des juges camerounais, qu’ils soient juges civils, administratifs ou juges militaires. Et il n’est pas pensable que des civils soient jugés devant la juridiction militaire en dépit des protestations qui ont été faites. Il nous a semblé donc nécessaire en tant qu’avocats de cesser de prêter notre profession à ce que nous considérons finalement comme étant une véritable parodie de justice. Accompagner ces personnes dans ces conditions, c’est pour nous être complices de cette justice qui en fait n’en est pas une. »

Dans une déclaration commune, les détenus concernés annoncent avoir eux aussi décidé « de ne plus se soumettre à une parodie de jugement ».

Source: RFI

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