Le président Buhari a promulgué une loi qui était dans les cartons depuis 2008. Elle prétend offrir plus de transparence sur le partage de la manne pétrolière.
Le président Muhammadu Buhari a enfin promulgué la nouvelle loi pétrolière que le Nigeria attend depuis 20 ans.
Le projet avait été soumis une première fois à l’Assemblée nationale en 2008. Il s’est ensuite perdu dans un marécage de débats et de réécritures, tant les désaccords étaient nombreux. Il faut dire que le cœur de la loi repose sur une plus grande équité dans le partage des richesses pétrolières. Et bien sûr, quand on dit meilleur partage, on entrevoit qu’il y aura des perdants.
Les grandes compagnies pétrolières ont bien sûr traîné des pieds, mais la redistribution aux communautés a aussi été source de conflit entre l’exécutif et les Assemblées qui se sont succédées.
Menaces pour la sécurité et l’économie nationale
Les groupes armés, à l’instar des « vengeurs du delta du Niger », dans la région de Port-Harcourt, constituent la plus sérieuse menace pour l’économie nigériane. Au nom d’une répartition plus équitable de la manne pétrolière, ils prélèvent leur dime directement sur les oléoducs. Le prélèvement s’élèverait à 400 000 barils détournés par jour alors que la production nationale est de 1,4 million de barils par jour.
Depuis l’an 2000, ces mouvements militaro-politiques attaquent également les installations en mer, tandis que des groupes mafieux prennent des otages pour réclamer des rançons.
« Cela fait 20 ans que nous attendions cela », s’est réjoui Femi Gdajabiamila, le président de l’Assemblée nationale. Globalement la nouvelle loi va mieux encadrer la fiscalité sur l’exploitation pétrolière et gazière. Une taxe de 10% sur la production off-shore et de 7,5% sur l’exploitation à terre va être appliquée.
Preuve que cela ne fait pas fuir les investisseurs, un nouvel accord de partage de la production a été signé récemment entre les grandes compagnies, sur le champ off-shore de Bonga. Un accord qui court sur 20 ans pour exploiter le site à 120 km des côtes. Actuellement il produit 150 000 barils jour.
Un frein à l’investissement
Shell, Exxon Mobil, Total, Eni ont donc accepté de se regrouper autour de la compagnie pétrolière nationale la NNPC pour exploiter le site de Bonga, et d’y prévoir un investissement colossal de 10 milliards de dollars. Pour le patron de la NNPC, Mele Kyari, cet accord montre « une opportunité pour les investisseurs de voir que le pays leur est ouvert ».
La nouvelle loi pétrolière devrait ainsi clarifier le jeu, et par là même espère le Nigeria, relancer l’investissement dans le secteur. Une grande partie des gisements, notamment terrestres, sont arrivés à maturité. Il faut prospecter en mer, de plus en plus loin et profond, ce qui est plus coûteux et refroidit les investisseurs.
Or le pétrole est essentiel pour le Nigeria qui en tire 90% de ses ressources en devises et la moitié du budget de l’Etat.